vendredi 10 décembre 2010

Quand on lève le voile

Mais que se cache-t-il sous ces voiles noirs, derrière ces regards jetés par dessus l'écran du tissu? Qui sont ces petites ombres fuyantes, bruissements de robes, mains gantées dans les rues? J'y suis allée voir, c'est en fait un peu de mon quotidien, des rencontres étonnantes, des personnes surprenantes. Lorsque vous leur parlez d'oppression, de domination masculine, d'obligation, elles rient, très fort. Les hommes? Elles les mènent à la baguette. Et c'est vrai. Divorcées, fans de brocante, sportives, accros d'internet, elles vivent en fait dans une grande autonomie, comme toutes les jeunes femmes de leur époque. Leurs enfants, elles les élèvent ensemble, car chez elles la solidarité, la porte ouverte, la chaleur humaine, ne sont pas des mots en l'air. L'entraide, c'est sacré. Intégrisme? Prosélytisme? Ne leur en parlez pas. Elles refusent d'être catégorisées. Et pourtant... Elles sont très croyantes, fières de leur culture ou de celle qu'elles ont adoptées, de leur savoir, de leur instruction, de leur religion. La plupart lisent et écrivent l'arabe, connaissent le Coran, savent de quoi elles parlent. Elles ont fait l'effort d'appendre pour se défendre. Parfois, cela va loin. Contre les juifs, un peu contre tous. Mais de suite l'humour dédramatise, allège, permet au discours de passer presque inaperçu, dans un éclat de rire. Elles se prennent pour Zorro avec sa cape. Wonderwoman n'a qu'à bien se tenir, c'est ici le règne de Musul-man. Elles ne comprennent pas pourquoi elles ont tant de mal à trouver du travail en France, questionnent la laïcité, argumentent leur manque de liberté dans le prétendu pays des Droits de l'Homme. Elles ont réponse à tout ou presque, sont capables de retourner les choses en leur faveur. On sent les barrières, les limites, très proches, très solides, derrière les visages souriants et les rires légers, derrière les cheveux soignés et les yeux maquillés. Mais Dieu qu'elles sont attachantes, qu'elles sont loin des clichés de femmes soumises, qu'elles mènent leur vie comme elles l'entendent et les hommes par le bout du nez. Alors on oublie les excès, on ne voit que la beauté, l'amitié. Quand on est femme, souvent, on se sent de leur côté.

1 commentaire:

lilichocolat a dit…

Très beau. Toi aussi ce soir je te sens l'âme unie...