dimanche 17 octobre 2010

La transhimalayenne

Alexandre Poussin et Sylvain Tesson, La marche dans le ciel, 1998.
Le sous titre en dit long, "5000 km à pied à travers l'Himalaya". Je récidive. Je les aime bien ces deux là, un peu fadas, un peu naïfs, un peu aventuriers et un peu rêveurs. Ils me plaisent, ces marcheurs intellos, catho mais pas trop, inconscients avec un solide fond de lucidité. Après le tour du monde à vélo, voici qu'ils se lancent dans une traversée pédestre de l'immense chaîne de montagnes de l'Himalaya. Et là on se dit qu'en effet, il faut être un peu givré pour se lancer de tels défis. Surtout que leur équipage est réduit au minimum, 6 kilos d'indispensable dans le sac à dos, pas de vivres, l'allure insouciante de marcheurs du dimanche partis à l'assaut de la plus haute région du monde. Le reste ne consiste ensuite, raconté dans un style, c'est vrai, plus affirmé que pour la première aventure, qu'en une succession de jours de marche, de cols, de passages laborieux de frontières, de clandestinité et de recherche incessante de visas pour les pays concernés Bouthan, Népal, Tibet, Inde, Pakistan, Afghanistan, Tadjikistan... Des pays qui en font rêver certains, en font fuir d'autres. Eux les ont parcourus à grandes enjambées mais au rythme lent du marcheur, à ce rythme qui rend encore possible les rencontres, qui remet l'homme à la hauteur du temps et des hommes. On se dit, au fur et à mesure de ces aventures, qu'effectivement nos voitures, nos trains, nos avions, notre téléphone, notre internet, nous font faire les choses à une vitesse pas du tout adaptée à notre organisme et au fonctionnement de notre corps. Survolant la vie comme des avions de chasse, à la recherche d'argent, d'amour et d'un bonheur qui nous échappe, nous ratons l'essentiel en fait, la vie elle-même. Attention, Poussin et Tesson ne sont pas en train de nous faire la leçon. Ils le disent eux-mêmes, leur chemin n'est pas un renoncement et ils comptent bien profiter à nouveau de la modernité sous tous ses aspects dès leur retour. Pourtant, s'ils donnent à leurs voyages des significations qui leur sont propres, je retiendrai cette phrase, à laquelle je souscris pleinement:
"Si les voyages ont un but, c'est de redécouvrir cette clé de la sédentarité, cette capacité d'exciter sa "glande à bonheur", l'enthousiasme."
Un récit sans prise de tête et pourtant sans monotonie qui vous fera voyager, rire, trembler, admirer, réfléchir. Du réveil de rêves d'enfant version concrète.

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