La vie prend parfois des maudites tournures symboliques. C'est au moment où je commence le dernier, et le mot n'est pas anodin, roman de Bernard Giraudeau que sa disparition s'affiche sur tous les écrans de télévision. Je poursuis cependant ma lecture, cette triste nouvelle la teintant de la nostalgie d'un ultime plaisir, celui de plonger avec délice à travers les lignes de cet écrivain et de cet homme hors normes, pour qui vivre l'instant n'était pas qu'une phrase toute faite.
"Cher amour", c'est un retour sur ses expériences passées d'infatigable bourlingueur, des salles des machines de la Jeanne d'Arc à l'Asie en passant par l'Amérique du Sud, entremêlées de réflexions sur son travail de comédien. Le tout écrit, avec un style inimitable passant sans heurts, avec l'agilité d'un équilibriste connaissant bien son numéro, du lyrique au descriptif, parfois familier, jamais vulgaire, sur un ton tantôt mélancolique, tantôt moqueur, non dénué d'autodérision et adressé à une "chère absente", une femme fantasmée et rêvée, imaginée et dessinée au fil des années, compagne de ses voyages et projection irréelle de ses désirs profonds.
"Cher amour", un dernier clin d'oeil à la vie et au lecteur, une ultime invitation au voyage.
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