Enfoncer des portes ouvertes, voilà ce qui se passe en ce moment au cours de ces fameux Etats Généraux de la violence en milieu scolaire qui se tiennent ces jours-ci et dont tous les médias nous rabattent les oreilles depuis ce matin. C'est le sujet du jour: il y a de la violence à l'école. Autant dire qu'on enfonce une porte grande ouverte. Qu'il y ait de la violence à l'école, tout le monde était au courant. Mais qu'on réunisse nos voisins européens lors d'Etats Généraux afin qu'ils nous donnent de bons conseils, cela devient risible. Que vont nous dire les Italiens, qui sont en train de détruire le système scolaire public en insuflant de grosses quantités d'argent dans les établissements privés? Que vont nous dire les Espagnols, chez qui ce sont les lycéens qui demandent la fin des écoles mixtes? Ces pays ont-ils vraiment les mêmes configurations, les mêmes soucis que nous? Heureusement, la présence dans ces Etats Généraux de la violence à l'école d'un enseignant qui propose des "cours d'autorité" à ses collègues va sans doute sauver l'éducation française! Zorro est parmi nous, soyons en rassurés. Dans la série "défonçons ensemble des portes béantes", on nous affirme que la violence est plus importante dans les collèges et les lycées situés dans des zones sensibles, socialement défavorisées, concentrant une part importante de l'échec scolaire. Comme si nous étions nés de la dernière pluie... Et que propose-t-on? Pas grand chose au demeurant, si ce n'est le fait de proscrire les exclusions. La priorité n'étant plus à l'enseignement mais à la sécurité, peu importe qu'un individu empêche toute une classe d'étudier, pourvu qu'il ne "mette pas ses camarades en danger". Alors seulement nous avons le droit de les exclure. Merci mon Dieu! Et le droit au savoir? Le droit au respect? Le droit de travailler, simplement, qu'en fait-on? Bagatelles! Non, selon nos sages spécialistes, qui n'ont de spécialistes que le nom, restant toujours à une distance acceptable du théâtre des opérations, la solution est ailleurs: dans "la formation des jeunes enseignants", dans "la stabilité des équipes éducatives". C'est à ce moment du débat que reviennent sur le tapis ces fameuses réformes qui sont en train de se mettre en place, discrètement mais sûrement et de manière irréversible. Comment peut-on encore parler de la formation nécessaire des jeunes enseignants lorsqu'au lieu de rajeunir et d'améliorer le rôle des IUFM et des années de stages, on tend à supprimer les concours d'accès à la fonction de professeur pour jeter dans la gueule du loup des étudiants à Bac+4 ou 5 n'ayant aucune expérience du terrain? Quand on sait qu'il faut en moyenne 5 ans à un jeune enseignant pour se familiariser avec le dur labeur qu'est celui de travailler en zone sensible, c'est de la pure folie. Alors qu'on ne nous parle pas de formation. En ce qui concerne la soi disant stabilité des équipes éducatives, nous n'allons pas non plus dans la bonne direction. En supprimant les concours, les jeunes étudiants ainsi recrutés seront à la merci des décisions arbitraires de mutations qui elles-mêmes obéiront à une politique du résultat inquiétante pour la fontion même d'enseignant et la liberté pédagogique. Désolé, s'entendra-t-on dire alors, votre manière d'enseigner ne correspond pas à notre établissement, merci d'aller chercher du travail ailleurs. Nous verrons alors sur les routes des profs itinérants, précaires, en permanence sous la menace d'une inquiétante épée de Damoclès. Adieu donc la stabilité des équipes dans les collèges. Ces Etats Généraux sur la violence en milieu scolaire semblent en fait se dérouler, comme toujours, dans l'atmosphère confinée et hors du temps et de la réalité d'un bocal rempli de gens sans véritable connaissance du terrain et dont le discours est encore en totale contradiction avec les régressions en cours dans le milieu de l'éducation.
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