jeudi 2 juillet 2009

Tensions au Cerro Rico

Depuis la découverte de gisements phénoménaux dans ses entrailles au 16 ème siècle, le Cerro Rico de Potosi n'a cessé de subir une exploitation systématique et violente de ses richesses naturelles en argent, or et autres métaux précieux. Il a nourri les joyaux des cathédrales européennes et fait la fortune d'hommes peu scrupuleux du sort des indiens, forcés de travailler dans l'antichambre de l'Enfer. On dit que 8 millions de mitayoq -nom donné aux travailleurs recrutés de force par les Espagnols selon le système de la mit'a inca, à l'époque travail communautaire et réciproque, transformé par la Colonie en véritable bagne- auraient péri dans les galeries du Cerro Rico. Le dédale de mines créées dans la montagne au fil des siècle fait aujourd'hui d'elle un gruyère menaçant de s'éffondrer à chaque instant. Depuis des années on prévoit la catastrophe sans vraiment proposer de solutions de secours pour sauvegarder les structures industrielles, protéger les mineurs, déjà au quotidien victimes de nombreux accidents -les effondrements de galeries sont fréquents à cause de l'utilisation massive de dynamite-. Aujourd'hui, une fois encore, une difficile tentative de concertation pour résoudre le problème est en marche. D'un côté, le Comité Civico de Potosi et le Ministère des Mines et de la Métallurgie voudraient interdire l'exploitation du Cerro Rico à partir du niveau 4.400. De l'autre, les coopérativistes, dont la majorité des postes de travail sont établis à partir de cette hauteur, refusent de faire une quelconque concession. Ce n'est pas la première fois que les travailleurs des coopératives protagonisent des affrontements violents. Ce fut déjà le cas avec les mineurs du Syndicat dans la région de Huanuni, et cela risque d'exploser encore si un aucun consensus ne ressort des réunions prévues ces jours-ci, car si la restriction d'exploitation au-dessus de 4.400 est finalement adoptée, on parle de destructions des accès au niveau supérieur, et on suppose que, dans cette éventualité, les coopérativistes n'hésiteront pas à employer la force pour défendre leurs positions. Même si pour cela ils doivent dans quelques années, quelques mois ou moins, perdre leur source de travail ou leur vie sous les décombres de la montagne. Car à la fin c'est elle qui décidera de leur sort.

Le Cerro Rico de Potosi

(Photo:emi)

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