jeudi 18 juin 2009

Demain j'arrête

S'insurger contre tout et rien, corriger les erreurs pour remettre les imbéciles et les ignorants dans le droit chemin, rétablir la vérité sans arrêt, partir en croisade contre la bêtise et la méconnaissance, ça crève, je vous le dis par expérience. Parce que j'en ai vu des trolls, et des costauds, des champions du monde. Des cambas à l'anachronite aigüe et à l'orgueil débordant, le mépris au bout des doigts et qui pondaient des commentaires ravageurs; des minettes racontant leur vie sur leur propres blog et qui, sans doute à cause d'un désoeuvrement profond, venaient rectifier et corriger tous mes articles, passant au peigne fin les fautes d'orthographe, de frappe, d'expression, de goût, d'opinion; des andouilles simplement passées faire de la pub pour leur petit commerce; des je-sais-tout-mieux-que-toi prenant toutes mes phrases au premier degré, contestant toutes mes références et tous mes avis sur la Bolivie, des hypo-ironiques se prenant beaucoup trop au sérieux et en devenant ridicules au possible. Ils sont venus, on les a écrabouillés, sévèrement malmenés. Parfois la bataille a été rude mais on les a semés dans le néant de leur propre niaiserie. Parfois c'est moi qui suis allée porter secours à des copains de blog, eux aussi pollués par des trolls phénoménalement cons, des critiqueurs de goûts musicaux, des handicapés de la modestie, des spécialistes de l'insulte gratuite. Rarement, heureusement, mais ça arrive, il a fallu vraiment se battre, contre des plagistes faisant du plagiat, des bloggers du dimanche débutants venus piocher un peu de savoir et d'arguments dans mes plates bandes. Ceux là aussi, avec la collaboration du gang anti-trolls, on les a gravement renvoyés dans leur 22, brouter une autre herbe que la mienne (en l'ocurrence ici c'est pas de l'herbe, c'est de la coca).
De tout ça on a ri, beaucoup, énormément parfois; je me suis insurgée, énervée, rendue malade aussi (mais pas trop quand même, c'est mauvais pour la santé). Et surtout on a tissé des liens entre voisins de galère, de blog, l'union fait la force dit on.
Bon, trève de plaisanterie, passons aux choses sérieuses. Vous savez combien de temps ça prend tous ces réglements de compte? Imaginez-vous un peu! Des heures! Des jours! Des tonnes d'énergie dilapidées dans les combats par écrans interposés. Alors il a fallu prendre une résolution, pas facile quand on est habitué à démarrer au quart de tour (et avant dans une autre vie au car de Tours). J'ai décidé, en commun accord avec moi-même, de calmer les chevaux, enfin la souris, et de ne lire que partiellement les blogs consacrés à la Bolivie, pour ne pas faire d'ulcère de la cornée -si si, ça existe- chaque fois que des idioties primaires sont écrites. Que Evo Morales est un fasciste, que la Bolivie est à la dérive, que la liberté d'expression n'y est pas respectée, que la coca est une drogue et qu'elle fait voir des éléphants rose -pas bleus-, que les associations religieuses ou les ONG sont une aubaine pour les pauvres indiens ignorants, que je comprends tout de travers, je ne connais rien et je juge quand même avec ma vision d'européen blanc tendance bobo venu aider les bons sauvages, etc etc...
Demain j'arrête, je ne mettrai plus de commentaires enragés non plus, je n'enverrai plus des tonnes de mails à mes amis en leur disant "allez l'exploser cet idiot", je ne hurlerai plus devant mon écran que les gens sont bêtes à manger du foin.
J'ai décidé, pour rétablir la Vérité sur la Bolivie, tout la Vérité, rien que la Vérité, de l'écrire moi-même et de laisser les lecteurs faire la part des choses, et les crétins dans leur fange culturelle.
C'est dit, demain, j'arrête.
(...mais ça va être dur...)

5 commentaires:

aldeaselva a dit…

Non, non! Tu n'arrêteras rien du tout. Le silence , c'est APRES la bataille. Le silence de mort des vaincus comme le silence de recueillement des vainqueurs. Crois moi que j'ai cru pouvoir le faire pour ne finalement m'apercevoir que je ne faisais qu'user mon temps à essayer de le faire, et vainement en plus! On ne peux pas échapper à ce que l'on est, tu y reviendras toujours.

metreya a dit…

Que tu es belle Emi quand tu t'insurges o_O… j'entends presque ta voix quand je te lis. En tout cas tu m'as permis de découvrir un peu mieux la Bolivie et l'Amérique latine, que je connaissais très mal, et je suis très heureuse d'être ton amie pour que tu puisses encore me faire découvrir cette partie du monde ! Oh mon Dieu… mais c'est une déclaration là que je te fais… oups… je dois être de bonne humeur.

Lilichocolat a dit…

Moi, je trouve que c'est une bonne idée d'arrêter de perdre de l'énergie à expliquer à quelqu'un qu'il a tort, car c'est bien connu, il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre... Par contre, ce que je sais de la Bolivie, c'est toi qui me l'as appris, et je suis heureuse de le savoir à travers toi, ta sensibilité, ton histoire personnelle. La connerie n'a pas de frontière, là où elle pose le pied est son territoire (j'ai oublié l'auteur de cette phrase). Empêche-la de venir jusqu'au tien, et déjà, ce sera une belle bataille de gagnée...

Esteban a dit…

Chère emi,

Je venais un peu me ressourcer et voilà que je t'imagine en train de tout péter dans la baraque. Ha ha ha, chère emi tu pourras casser ce que tu veux, mais comme malgré-toi tu iras toujours surveiller ces impétueux "don Quichotte", tu continueras à balancer de saines baffes à ces inconsistants.

Maintenant que tu as crevé l'abcès...tu verras dès la cicatrisation... ;)

Abrazo compañera,

Esteban

Tristan a dit…

Tient, existe-t-il des blogs qui parle un peu de la politique bolivienne, en francais? Il faut dire que quand des cambas se pointent pour dire tous le mal q'ils pensent d'Evo sur ma place préférée, au centre de Cochabamba, avec mes amis, on a toujours de la peine à se les partager. C'est souvent celui qui crie le plus fort qui a le plaisir de débattre avec l'intru. J'aime bien, aussi, aller débattre avec les amis de l'Alto, à la Seja, mais il y a encore moins de cambas qui viennent débattre. Bon on m'avait dit que si j'avais du courrage, je devrais aller debattre directement à Santa Cruz. Bon, j'ai toujours détester cette ville, où on ne peut même pas se balader à n'importe quel heure du jour ou de la nuit sans prendre le risque de se faire agresser par une équipe de péruvien ou par un de leur élève, du genre des fils à papa qui manque de tune pour sa cocaïne. Quand je vivais à l'Alto, avec toutes les poupées gonflables pendues aux lampadaires, avec un panneau qui indiquait le sort qui pouvait attendre n'importe quel péruvien, je n'ai jamais été agressé, à part par des bourrés qui avaient le gringo gohome un peu facile. A qui on doit expliquer qu'on vient d'Europe, puis avec qui on fini par siroter un thé con thé ou un Cuba libre. Il faut dire qu'avec mon 1m80, les agresseurs potenciels savent qu'ils ne doivent pas faire les malins. Celui qui a essayé de volé mes lunettes et qui pensait que j'étais plus bourré que j'en avait l'air, mais que j'ai choppé facilement après un petit 100mètre à été heureux de me les rendre et que je le laisse repartir. C'est sûre, j'aurais pu trouver de l'aide pour envoyer le type à la place de la poupée gouflable, pendu au lampadaire. Là, je crois qu'il s'est rendu compte de la chance qu'il a eu. Autrement, les villages cambas, au Bénis, sont super sympa. Tout le monde est armé, mais on entend presque jamais de coup de feu, à part quand on monte dans la voiture d'un gars du coin, parce que notre bus est embourbé. Généralement, le conducteur s'arrête chaque fois qu'il voit un annimal commestible à abbattre et sort sa carabine, conseillé par tous les types qui se sont taper l'incruste dans la voiture du brave type contre quelques pièces. Là, un autre coin de la Bolivie où j'avais vécu et où il ne m'est jamais rien arrivé même à n'importe quel heure de la nuit. J'ai juste eu peur, une fois, où j'étais avec un francais qui nous avait fait un bad trip parano et commencait à vouloir foutre la merde aux jeunes recrues qui était de garde. Heureusement, j'étais avec un autre ami cleen et on a pu ramené l'autre imbécile de force avant tout problème. Non, normalement, en Bolivie, je me suis toujours senti en sécurité, à part dans cette vile de merde qu'est Santa Cruz.