"Je suis un Tupi qui joue du luth...".
C'est par cette citation que s'ouvre la réflexion de l'auteur autour de cette notion de métissage tellement galvaudée qu'elle en est devenue banale tout en restant floue et mystérieuse. "Je suis un Tupi qui joue du luth", c'est l'image d'un indien guarani du Brésil qui joue du luth, un instrument européen amené sur le continent américain par les colons ibériques. Cependant Gruzinski rejette dès l'entrée la notion d'acculturation qui lui semble réductrice. Pour lui on ne peut en effet analyser la conquête puis la colonisation de l'Amérique Indienne par les espagnols et les portugais comme une rencontre entre deux cultures dont l'une aurait adopté les us et coutumes, les traditions et les croyances de l'autre. Une histoire de vaincus et de vainqueurs qui nous aurait fait analyser pendant des décennies ce mélange comme une affirmation des dominants sur les dominés qui se seraient soumis à la culture de l'envahisseur en l'assimilant, devenant ainsi par la force le peuple vaincu que l'on aurait eu une fâcheuse tendance à défendre voir à idéaliser. Selon Gruzinski les choses sont bien plus complexes que cela, et la notion de culture en elle-même est déjà tellement riche de sens divers et variés qu'elle en devient indéfinissable. Le métissage se jouerait donc sur tous les tableaux, chaque fait, chaque représentation, chaque célébration étant déjà dans ses moindres détails contaminés par le mélange. Il en deviendrait donc impossible de savoir par exemple ce qui est indien de ce qui est espagnol en Amérique Andine ou un Mexique, ce qui a été imposé de ce qui a été adopté pour dissimuler sa culture et ses croyances interdites sous un vernis catholique, ce qui a été copié par goût, par admiration ou par moquerie. L'auteur nous entraine alors dans une série très précise d'exemples tirés de l'étude des peintures religieuses au Mexique réalisées pendant la période de la colonisation espagnole par les indigènes. Et là j'avoue m'être un peu perdue dans les méandres d'explications trop pointues et surtout faisant référence à des oeuvres qui me sont totalement inconnues et dont la vision me manquait pour comprendre totalement le fil de la rélfexion de Gruzinski. Idem pour les allusions à des films que je n'avais pas vus. Je reconnais avoir passé un certain nombre de pages, ne trouvant pas mon bonheur dans cet essai dont j'attendais beaucoup mais qui me laisse un peu sur ma faim. Trop d'exemples, un inventaire de références tant antiques que contemporaines et peu de vraies conclusions. Le métissage était tout un monde, complexe et labyrinthique je le savais, je termine ce livre en en ayant une vision encore plus emmêlée et le sentiment que pour travailler sur le sujet j'ai comme on dit du pain sur la planche...
"Je suis un Tupi qui joue du luth...", à méditer...
1 commentaire:
Si ça se trouve, c'est parce que le métissage ne peut pas se définir?
C'est une relation à soi, à l'autre, un va-et-vient incessant entre la rive de l'intime et celle de la culture...
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