Un article du National Geographic que je viens de recevoir m'interpelle aujourd'hui. Il est consacré à la chanteuse bolivienne Luzmila Carpio, également ambassadrice de son pays à Paris depuis 2006 et l'avènement au pouvoir du Président Evo Morales. La journaliste utilise toute sorte de qualificatifs plus valorisants les uns que les autres -"la princesse des Andes", "son port de tête et ses gestes harmonieux", etc- pour parler de celle qui est, c'est vrai et depuis des années, l'une des ambassadrices de la musique et de la culture boliviennes à travers le monde. Son discours d'ailleurs est très fort et son message toujours le même: protéger la nature, notre terre, la traiter avec respect dans le souci constant de conserver l'héritage que nous laisserons à nos enfants. Mais est-ce un discours suffisamment complet dans la bouche d'une ambassadrice? Qu'attend-on en Bolivie et en général de nos diplomates? Je me pose la question. Luzmila Carpio met sans aucun doute tout son coeur dans chacune de ses communications publiques pour transmettre les valeurs de son pays. Et la plupart des boliviens vivant en France respectent et appuient le contenu de ses propos, argumentant que le fait qu'une indigène ait été nommée à ce poste et soit leur représentante à l'étranger est la marque de la reconnaissance attribuée à leur peuple, la preuve que les quechuas et les aymaras de Bolivie sont aussi capables de jouer un rôle dans le monde. Une revalorisation salutaire et justifiée en quelque sorte. Cette opinion largement diffusée peut cependant se tranformer en argument à double tranchant lorsque les boliviens de France insistent sur la manière simple de parler de leur ambassadrice, sur le fait qu'elle utilise un langage qui leur est proche, loin des grandes phrases habituelles des hauts fonctionnaires pleines de conventions et de détours. "Elle parle comme nous, comme les indigènes de Bolivie, c'est le langage du peuple". Retournons un instant l'argument: certains, et cette idée existe aussi dans la communauté bolivienne de France, pourraient reprocher à Luzmila Carpio de s'exprimer justement de manière trop prosaïque, pas toujours très élaborée en français, et ainsi encore une fois attirer sur elle des réflexions de dévalorisation vis à vis des capacités présumées des indigènes à assumer un quelconque pouvoir. Selon eux un ambassadeur, malgré et au delà de ses origines, se doit de s'exprimer dans un certain niveau de langue, montrant par là même un certain niveau de formation afin de tirer son pays vers le haut à l'étranger. Alors au terme de cette reflexion -au cours de laquelle j'ai effectué un périlleux exercice de neutralité et de non engagement de quelque côté que ce soit...- je repose la question: qu'attend-on d'un ambassadeur aujourd'hui, et raison de plus en Bolivie, pays qui connaît un processus d'évolution profond en ce moment? Luzmila remplit parfaitement son rôle d'ambassadrice culturelle. Mais un ambassadeur n'a sans doute pas qu'un rôle culturel... Etant je l'avoue totalement ignorante quant aux secrets de la fonction, je n'en rajouterai pas, mais sollicite cependant l'avis de mes lecteurs sur la question!
(la photo du National Geographic)
(en tout cas aujourd'hui, quel exercice de diplomatie pour cet article!... tourner 7 fois sa langue dans sa bouche, peser ses mots, c'est tout un art, pas vraiment spontané je reconnais...!)
2 commentaires:
Je me felicite que tu ais trouve la voie de Rezolatino...J'allais te repondre et en parler a JL, l'administrateur.
Felicidades por tu blog!Sigue no mas!
Un abrazo pues
Gracias Patxi!Diospagarasunki!
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