dimanche 22 juin 2008

A,B,C'est déjà ça

Parfois on ose pas se lancer, on se dit que pour si peu ça ne vaut pas le coup, qu'un grain de sable ne va pas sauver l'humanité; on n'a pas le courage, pas le réflexe, pas l'envie. Et puis certaines personnes poussent un jour une porte et ne la referment jamais, parce qu'elles se rendent compte que leur action, même si elle est minime comparée à l'immensité des problèmes, peut aussi représenter beaucoup pour d'autres. C'est le cas de cette amie (qui se reconnaîtra!) qui m'a parlé ce matin de son travail de bénévole. Elle donne des cours d'alphabétisation en région parisienne, à des femmes en majorité, musulmanes pour la plupart. Au fur et à mesure que les femmes commencent à lire, écrire, et peuvent s'exprimer correctement, un changement irréversible s'opère en elles. D'une situation de recluses dans leurs foyers (pour certaines le mari les enfermait parfois à clé chez elles), elles parviennent à changer la relation de hiérarchie pour enfin avoir leur mot à dire. Car il ne suffit pas de le vouloir, encore faut il avoir les moyens de le faire. Et pour cette bénévole tout commence par le B a ba de l'éducation, la lecture et l'écriture, comme un pas vers l'émancipation et la reconnaissance de leur voix, de la légitimité d'avoir une opinion et de se donner le droit de l'exprimer. Alors au bout d'un certain temps, dit-elle, si les femmes sont toujours voilées extérieurement elles ne le sont plus à l'intérieur, et c'est l'essentiel. Ensuite alors elles peuvent prendre conscience du rôle qu'elles ont à jouer dans l'éducation de leurs propres filles. Parce que selon elle il ne faut pas compter sur les garçons, et encore moins sur les hommes pour changer les choses...
Alors on se dit que pour une femme qui aura fait entendre un jour sa voix, et en général pour une personne qu'on aura aidé, même si par ailleurs pour des dizaines et des centaines on aura rien pu faire, cela vaut la peine de se lever le matin et de faire quelque chose.
Il y a des discours qui rassurent, des conversations sur un coin de table qu'il est bon de rendre publiques, des gens anonymes dont l'action mérite d'être soulignée.

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