Jusque là je m'étais un peu retenue d'en parler, alors que sur d'autres blogs certains décrivaient la situation depuis des semaines, mais aujourd'hui je me décide à sortir de mon silence et à affirmer mes idées, qui certes ne sont pas du tout objectives, mais que j'assume totalement et que j'exprime au nom de la liberté d'expression, n'en déplaise à ceux qui ne seraient pas d'accord (j'espère éviter ainsi les commentaires sybillins et "fleuvesques" de certains...)
Demain 4 mai le Département de Santa Cruz en Bolivie organise un référendum qui aura pour thème l'accès à l'autonomie des régions de la Media Luna, l'Oriente du pays. Ce référendum est totalement illégal puisqu'il n'a pas été organisé par le gouvernement ni voté par une quelconque instance de celui-ci. Or à Santa Cruz la propagande va bon train, incitant à voter en faveur de l'autonomie, excluant ainsi la voix de tous ceux qui seraient éventuellement contre cet avis et respecteraient quant à eux l'unité du pays. Censure dans la presse de toute opposition au référendum, négation de toute la population indigène, originaire de la région ou immigrés kollas des hauts plateaux. Bref, comme toujours les blancs se croient seuls à pouvoir décider sur ces territoires qu'ils ont économiquement dominés et humainement écrasés depuis des siècles.
Quelle idée est donc à l'origine de ce référendum et de ce désir d'autonomie? Pour cela faisons nécessairement un bond en arrière.
Conquête espagnole. Les espagnols parviennent à soumettre les populations indigènes. C'est le début de l'exploitation des richesses et des hommes avec le sentiment que ces derniers n'en sont en réalité pas, des sous hommes tout au plus.
1825. Indépendance de la Bolivie. Cepdendant les structures socio économiques archaïques perdurent, les blancs, criollos, sont toujours les détenteurs des richesses -en particulier dans les mines et les haciendas (c'est le cas dans l'Oriente). De plus, les espagnols sont partis mais l'oligarchie trouve un second allié, et pas des moindres, en la personne des Etats-Unis.
Période des dictatures. Les blancs sont plus que jamais au pouvoir en Bolivie, avec l'aide inconditionnelle des Etats-Unis qui comptent bien, en appuyant les régimes autoritaires successifs, défendre leurs intérêts économiques sur le territoire bolivien. Il sont donc les alliés sans faille des blancs, de l'oligarchie.
Période des dictatures. Les blancs sont plus que jamais au pouvoir en Bolivie, avec l'aide inconditionnelle des Etats-Unis qui comptent bien, en appuyant les régimes autoritaires successifs, défendre leurs intérêts économiques sur le territoire bolivien. Il sont donc les alliés sans faille des blancs, de l'oligarchie.
Election de Evo Morales. Les indiens, pour la première fois depuis des siècles, prennent le pouvoir et relèguent l'ancienne élite à un rôle plus que second. Le nouveau Président démocratiquement élu opère des nationalisations (encore le 1er mai 2008 celle de ENTEL, entreprise de télécommunications aux mains des Italiens, et celle des hydrocarbures, secteur pour lequel les entreprises privées américaines et européenes avaient refusé la renégociations des contrats avec le gouvernement bolivien).
L'opposition se radicalise. Les blancs, l'oligarchie, les grands propriétaires, voient d'un mauvais oeil le départ du territoire et la perte d'hégémonie des Etats-Unis qui jusque là avaient protégé leurs magouilles. (soulignons que l'OEA, même si elle appuie l'unité de la nation bolivienne, ne condamne absolument pas le référendum) Par ailleurs, étant habitués à squatter le pouvoir sans forcément l'avoir atteint de manière légitime, et persuadés de leur supériorité intellectuelle -idée entretenue depuis la Conquête-, ils ne supportent pas de se voir gouvernés par des indigènes, jugés d'office incapables. Seulement à leur grande surprise ils ne peuvent que se rendre à l'évidence: les indigènes au pouvoir ont tous une formation solide, savent s'exprimer intelligemment et n'ont par conséquent rien à leur envier. Par ailleurs, leur légitimité est totale puisqu'ils ont été élus et non "placés" à des postes à responsabilités sous pretexte qu'ils appartiennent à de grandes familles, comme cela avait été le cas jusque là.
Bref, la seule solution qu'ont trouvé les Cruceños est de demander leur autonomie, pour avoir le sentiment de se réapproprier le pouvoir aux dépens des indigènes qu'ils méprisent, mais aussi et surtout pour jouir de nouveau des bénéfices tirés de l'exploitation des richesses présentes sur leur territoire, niant ainsi toute idée de Démocratie et d'Unité de la Nation.
Soyons clairs pour conclure, le résultat du référendum de demain -illégal je le répète- n'aura absolument aucune signification ni aucune portée, puisqu'on peut supposer que le taux d'abstention ne sera pas pris en compte et que par conséquent on ne considèrera que les votants, qui on le sait seront ceux qui auront opté pour le oui à l'autonomie. Vaste mascarade donc qui aura tout de même lieu dans un climat de tension extrême puisque malgré ce que Santa Cruz crie haut et fort, ils ne sont qu'une minorité dans le pays et l'opposition à leur point de vue existe et est prête à s'exprimer, par tous les moyens.
3 commentaires:
http://www.france24.com/fr/20080503-referendum-autonomiste-region-santa-cruz-bolivie-autonomie-gaz-morales-evo
Très bon reportage en effet!
Merci emi,
Succint, mais excellent historique.
Exact sur la OEA, que je n'ai pas mentionné chez-moi pour ne pas trop compliquer, mais bravo de l'avoir souligné.
La mascarade, comme tu le soulignes est avérée, car les fraudes, les malversations organisées intra muros sont dévoilées.
Pour autant ce coup de force et malgré la minorité possédante qui n'est pas éradiquée est tout de même inquiétant. Evo a le soutien du peuple mais il va falloir que ce dernier écoute ces forces vives qui sont prêtes à défendre l'unité de la Bolivie.
les failles de la nouvelle Constitution ont permit aux oligarchie de s'y engouffrer. Les secteurs sociaux réclament à Evo Morales d'être plus ferme et beaucoup moins conciliant avec ces racistes qui n'ont en tête que se payer "el indio".
C'est vrai qu'il n'a pas la majorité au Sénat et qu'ils ont bloqué la mise en place de cette Constitution, Il faut reconnaître que Evo est dans un étau, d'un côté l'oligarchie au Sénat qui le bloque et de l'autre le peuple qui lui demande d'accélérer les revendications sociales promises.
Je ne peux me mettre à sa place très inconfortable, car il doit composer en regardant devant et derrière lui...
Je pense que les conseils des syndicalistes sont ceux sur lesquels il devrait s'appuyer car rien ne viendra des négociations sur les bases de l'oligarchie, pire il risque de se mettre le peuple contre lui et je ne sais pas se qui pourrait se passer alors...
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