mardi 18 mars 2008

Deux poètes dans un miroir

Une fois n'est pas coutume, parmi les litres de bouquins que j'ai encore dû avaler pour le concours de l'Agrégation (si si, j'y retourne!), en voici un que j'ai dévoré. Il s'intitule:
Lorca y Alberti, dos poetas en un espejo (1924-1936), de H.Jimenez Gomez.
Déjà, la couverture m'avait attirée. Et puis le fait de découvrir ces deux poètes et dramaturges espagnols au programme du concours autrement que par le décorticage de leurs oeuvres théâtrales m'a permis de respirer et de me dire que derrière les mots, il y avait surtout des hommes. Deux andalous, l'un de Grenade et l'autre de Cadix, dont ce livre retrace la vie, mais pas de manière strictement biographique; plutôt et essentiellement comme deux portraits croisés, deux personnalités dans un miroir, pendant ces quelques années au cours desquelles ils se sont partagé l'avant scène littéraire. Des années aussi qui leur auraient peut-être permis de devenir amis, mais dont les circonstances en ont fait autre chose, pas vraiment des ennemis, tout au plus des contemporains parfois rivaux, le plus souvent simplement "collègues", deux hommes engagés dans une même époque tourmentée et fructueuse. Je cite ici en partie l'excellente introduction de Luis Garcia Montero:
"Federico Garcia Lorca et Rafael Alberti ne furent pas des ennemis. Ni plus ni moins. (...) Bien qu'ils furent rapidement identifiés comme un "couple" poétique, il n'exista pas entre eux de relation continue et, en réalité, les motifs de leur proximité célèbre sont dus à des clichés de la critique littéraire et à l'élaboration nostalgique d'une mythologie très propre à la génération de 27. Cependant, ils ne furent pas non plus des ennemis, ils tentèrent toujours d'entretenir des relations de sympathie poétique, (...), parce qu'ils eurent concience d'appartenir à une même jeunesse littéraire et parce que la rivalité à laquelle ils se virent soumis depuis le début aurait pu avoir des conséquences bien pires. L'amitié véritable et le désamour vont de pair, et nos deux poètes restèrent entre les deux, presque toujours avec la volonté d'orienter les déclarations publiques sur les versants de la camaraderie."
En allant au delà des mythes concernant la relation des deux hommes de lettres andalous -qui ont pris de l'ampleur dès les années qui suivirent l'exécution de Lorca par les franquistes en 1936-, ce livre propose au contraire une vision plus réelle des faits à travers des photos, documents, lettres, déclarations publiques et itinéraires croisés qui nous permettent de mettre un visage plus humain sur deux personnages de la littérature mondiale, souvent considérés comme des symboles mais dont la trajectoire évoquée ici laisse parfaitement percevoir les failles, les angoisses et les motivations profondes qui ont marqué leur écriture.
(belle longue phrase pas très claire type dissertation, tout ça pour dire que je suis emballée!)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mais si, mai si, les longues phrases comme Proust, on aime!
Cette période est fabuleuse, j'ai eu la chance de bien connaître une personne qui en a été imprégnée dans sa jeunesse(en France). Il y a encore beaucoup à écrire dessus, à découvrir la manière de penser des individus qui était tellement particulière, à la fois si proche et loin de nous.