Isidro l'a échapée belle! En Bolivie, à chaque fois que l'on construit un édifice, une maison, on fait des offrandes à la Pachamama, la ch'alla, pour que la Terre Mère ne se fâche pas et nous donne l'autorisation de lui emprunter un peu de terrain pour nos constructions humaines. Et tout le monde sait que si on veut vraiment lui faire plaisir, il faut lui offrir du sang, un sacrifice de lama par exemple, parce que la Pachamama aime le sang, c'est un aliment qui lui plait.
Revenons à l'actualité. Près de la Paz, on construit un pont. Et on doit faire la ch'alla. Jusque là tout va bien. Sauf qu'on fait boire plus que de raison le malheureux Isidro, on lui met deux trois coups derrière la caboche et on décide de l'enterrer vivant sous le fameux pont, comme offrande humaine. Ce n'est qu'au bout de quelques jours que la femme de Isidro retrouve son mari, qui par chance a réussi à s'échapper dans la montagne.
Voilà ce qui arrive quand on force un peu trop sur l'alcool. Le journal Los Tiempos prend cependant l'histoire très au sérieux, et évoque avec un grand lyrisme "L'histoire de ce paysan de l'Altiplano bolivien, l'une des zones les plus tristes du pays le plus pauvre d'Amérique Latine, fait partie de l'une des plus obscures traditions des indiens aymaras, qui pour chaque construction les oblige à faire une offrande à la Terre Mère, la Pachamama."
De là à faire des aymaras un peuple de sauvages arriérés, de la Bolivie un pays attardé et de superstitions et de la Pachamama une déesse assoifée de sang, il n'y a qu'un pas... que le journal franchit allègrement et apparemment sans aucun problème de concience. Voilà qui donne encore à réfléchir sur les orientations et les manipulations de la presse en Bolivie qui une fois de plus cherche à faire passer les compatriotes de Evo Morales -et le Président lui-même par la même occasion- pour des dégénérés.
Une fois de plus donc, ayons un regard critique sur ce que l'on tente de nous présenter comme de l'"information"...
1 commentaire:
Chez nous, nos pochtrons arrivent bien dans la Seine! Et pas poussés par n'importe qui, s'il vous plaît!
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