vendredi 30 novembre 2007

Juan Gelman

Le Prix Cervantes de littérature a cette année été attribué au poète argentin Juan Gelman. Né en 1930 à Buenos Aires, il est issu d'une famille juive ukrainienne. Depuis tout jeune, il lit Pouchkine en russe, sa langue maternelle, et c'est cette expérience de l'exil marquée en lui qui inspirera toute sa poésie. Exil de ses parents, et son exil propre aussi, forcé de quitter son pays dans les années 70 à cause de l'arrivée au pouvoir de la dictature et de son engagement politique dans des organisations révolutionnaires. C'est d'abord Rome, et le Mexique où il vit aujourd'hui. Une vie marquée aussi par les drames de cette époque agitée, celui d'abord de la mort de son fils et de sa belle fille, inscrits dans la longue liste des "disparus", et des années, presque une vie, à rechercher sa petite fille, enlevée à la mort de ses parents et qu'il retrouve en Uruguay 23 ans plus tard. C'est cet engagement politique qu'il intègre dans sa poésie, même si celui-ci ne prend jamais le pas sur la création, chez un artiste qui dit lui même être "marié avec la poésie". Dans ses poèmes, dans lesquels reviennent souvent les thématiques liées à la mémoire, l'exil, la lutte contre l'oubli, l'amour aussi, Gelman joue avec la langue, la crée et la recrée dans une recherche perpétuelle du mot, du signe juste qui pourrait exprimer ce qu'il ressent. Néologismes, parler populaire de Buenos Aires, images, métaphores, le monde de Gelman est difficile à pénétrer mais laisse voir des trèsors d'expressions dès la porte franchie.
de los deberes del exilio:
no olvidar el exilio/
combatir a la lengua que combate el exilio!
no olvidar el exilio/o sea la tierra/
o sea la patria o lechita o pañuelo
donde vibrabamos/donde niñabamos/
no olvidar las razones del exilio/
la dictadura militar/los errores
que cometimos por vos/contra vos/
tierra de la que somos y nos eras
a nuestros pies/como alba tendida/
y vos/corazoncito que miras
cualquier mañana como olvido/
no te olvides de olvidar olvidarte
(Extrait de Bajo la lluvia ajena, 1980)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Exil qui a fait de lui un poète profondément sud-américain.

Emi a dit…

...mais universel car l'exil dont il parle, les exils en fait, sont multiples et universels eux-mêmes (exil de la terre natale, exil de ses parents, exil vis à vis de l'être aimé, exil vis à vis de Dieu, de la langue aussi) car pour lui la poésie elle-même est un exil.

Enrique a dit…

Bonjour! Voici ce que j'ai écris le premier novembre 1985.

VUELVO
Caeré despatarrado en tu aeropuerto,los talones en mis espaldas, mis rodillas en los hombros y mis manos desangradas.
Me estrellaré en tu verano
con mi cuerpo destemplado,
me transformare en sudores,
me recogere en lagrimas o risas,
me acunaran tus besos,
me protegeran tus brazos
y tu voz quebrara mi exilio.

Emi a dit…

On n'est jamais si bien servi que par soi même quand il s'agit d'exprimer ces choses là...