L'étain a été découvert en Bolivie en 1564, près de Uncia (Norte Potosi) par l'espagnol Juan Del Valle, un aventurier à la recherche de veines d'argent. Cependant, ce n'est qu'à l'aube du XX ème siècle que la demande d'étain se fait plus forte, en grande partie à cause de la première Guerre Mondiale. Les petites boites de conserve sont en effet envoyées aux troupes sur le front pour leur fournir de la nourriture. Cependant, très peu de pays sont alors producteurs d'étain: la Malaisie, l'Indéonésie et la Bolivie, ce qui fait que la demande de minerai augmente considérablement. On se dispute donc les grands gisements en Bolivie. C'est l'époque où l'on découvre la célèbre mine de La Salvadora, qui sera propriété de Simon Patiño, l'un des "barons de l'étains" qui ont bâti leur immense fortune sur ce métal. A l'époque, les barons de l'étain entassent des millions de dollars qu'ils investissent et placent aux Etats-Unis, pendant qu'en Bolivie les mineurs travaillent dans des conditions abominables, vivant dans des campements insalubres et ne pouvant réclamer plus de justice -précisons que tout ce qui peut s'apparenter à une organisation de type syndicale est alors fortement réprimé. En 1924 par exemple à Uncia, l'armée vient au secours des oligarques barons de l'étain pour réprimer un semblant de manifestation de mineurs. Cependant, avec la crise des années 30 et surtout la deuxième Guerre Mondiale, les cours de l'étain chutent, ce qui ne fait qu'agraver les conditions de travail des mineurs boliviens. Peu à peu l'ère des barons de l'étain se termine, les ouvriers se mobilisent et c'est la nationalisation des mines en 1952. Nationalisation qui n'a pas donné tous les résultats escomptés, puisque des massacres d'ouvriers continuent à être perpétrés lors des répressions de manifestations de mineurs par les dictateurs qui arrivent au pouvoir dans les années 60-70 -j'ai déjà mentionné le massacre de la Saint Jean en 1967 dans un précédent article. En 1980 c'est la capitalisation , c'est-à-dire la re-privatisation des mines. Les oligarques toujours au pouvoir ou pas très loin se réapproprient les mines, et reprennent le fonctionnement des barons de l'étain: exploitation de la main d'oeuvre, placement des bénéfices aux Etats-Unis -c'est notamment le cas de l'ancien président Gonzalo Sachez de Lozada. Aujourd'hui l'actuel président Evo Morales parle de re-nationaliser les mines et de refonder la COMIBOL, la Corporation Minière de Bolivie, en fait l'entreprise nationale qui avait été créée en 1953. Le problème, c'est qu'entre temps de nombreuses coopératives, financées par l'oligarchie de droite, ont vu le jour, et comptent bien garder les gisements qu'on leur a donné ainsi que tous leurs avantages. Le métal du Diable n'a pas fini de faire parler de lui... (Photo:Luis CHUGAR)
2 commentaires:
l'étain n'est pas le métal du diable c'est le nickel !
Plus d'explication peut-être?
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