Je suis en train de regarder sur Arte un reportage -que j'ai déjà vu trois fois- sur le Saint-Bernard Express, ce petit train suisse qui serpente dans le Valais. Ces paysages bucoliques me rappellent des moments uniques dans les vallées chaleureuses de cette région de la Suisse où j'ai souvent usé mes semelles, et notamment une randonnée qui nous a menés jusqu'au Grand Col Ferret.
On s'y rend d'abord en voiture en passant par la vallée du Rhône et ses vignes en terrasse sur les versants ensoleillés, notamment à Sembrancher, petite ville qui est d'ailleurs sur le chemin du Saint Bernard Express. On se gare dans un petit village qui s'appelle la Fouly, au bord d'un torrent rugissant, et la montée commence tout doux, par la traversée du pont qui nous conduit de l'autre côté, vers un autre monde. Le chemin est d'abord large et en pente douce et nous permet d'admirer le magnifique glacier de Salena qui s'étend en face de nous.
On arrive alors à un refuge où l'on peut s'arrêter un moment pour discuter avec d'autres randonneurs, ou si vous êtes un peu sauvages comme moi en montagne, avec les vaches qui vous accompagnent le long du sentier qui est en fait leur domaine. Et puis, fini la rigolade: on prend un virage et on se retrouve sur un nouveau chemin qui celui-ci monte beaucoup plus.
A gauche, un versant verdoyant, refuge des marmottes; sur le versant opposé, de l'autre côté d'une combe, des montagnes arides et énigmatiques dignes de l'Altiplano bolivien. Les nuages cachent le soleil, l'atmosphère est mystérieuse et la montagne nous domine. Le chemin monte et descend, et on n'en voit pas le bout. Enfin, au virage suivant, une vision incroyable: un cône de neige, une montagne magnifique et immaculée sous le soleil s'offre à nos yeux éblouis. Au pas de course nous allons jusqu'au col: nous sommes au Grand Col Ferret, à 2537 mètres, au carrefour entre l'Italie dont une vallée s'étend à nos pieds, dans la combe, la Suisse, par laquelle nous sommes arrivés, et la France, qui se cache derrière le Mont Dolent, cette fameuse montagne, cousine du Cervin, que nous avons vue précédemment. La fatigue est oubliée et le vent fort et froid qui souffle sans intermittence nous régénère.
Cette randonnée est inoubliable et nous conduit à un point stratégique, entre trois pays, sur un chemin qu'empruntaient autrefois les contrebandiers. Aujourd'hui à la frontière suisse nous n'avons "rien à déclarer", seulement de la contrebande de sensations et d'impressions à la valeur inestimable, volées à la nature imposante et grandiose au détour d'un chemin dans un monde magique aux pouvoirs régénérateurs.
2 commentaires:
Je veux bien aller là-haut!
ça c'est magnifique: "Aujourd'hui à la frontière suisse nous n'avons "rien à déclarer", seulement de la contrebande de sensations et d'impressions à la valeur inestimable, volées à la nature imposante et grandiose au détour d'un chemin dans un monde magique aux pouvoirs régénérateurs."
Je suis en haut, moi aussi. Mais il fait nuit et mon coeur tangue...
Je t'embrasse fort.
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