lundi 24 septembre 2007

Huis clos andalou

Federico Garcia Lorca, La casa de Bernarda Alba, 1936.
Nous sommes chez Bernarda, son mari vient de mourir. Elle se retrouve seule avec ses cinq filles, toutes célibataires, avec sa mère devenue folle, dans un petit village de cette Espagne rurale où les rumeurs vont bon train, où la critique est de mise. Tout au long des trois actes de cette pièce brève de Lorca, nous nous situons dans la maison de Bernarda, là où elle a toujours dicté sa loi et fait règner ses colères de femme aigrie. Elle entend protéger ses filles du qu'en dira-t-on, faire bonne figure, garder la face malgré tout. Mais dans cet espace fermé et étouffant, les relations entre toutes ces femmes se détériorent et des désirs et des rancoeurs enfouis ressurgissent et éclatent au grand jour. L'aînée, Angustias, doit se marier, mais le fiancé se faufile la nuit dans la cour de Bernarda pour y courtiser la plus jeune de ses filles, Adela. Jalousies, coups bas, insultes, chantages, les filles de Bernarda se disputent cet homme qui à la fois symbolise l'espoir raisonné d'une vie de femme mariée et le fol espoir de liberté. Un vent de folie souffle alors dans cette maison de rêves opprimés, malgré l'obstination de Bernarda à fermer les yeux. A la fin, l'amoureuse Adela finit par se pendre, dans un dernier élan pour se soustraire à ce monde figé et affirmer sa liberté de choisir.
Une oeuvre courte et simple dans son style mais poignante, magnifique en ce qu'elle dépeint parfaitement une société espagnole rurale dans laquelle des femmes cherchent en vain un espace de liberté et ne trouvent que l'ennui et la frustration.

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