lundi 20 mars 2017

Ode au voyage en bus

Je ne suis jamais plus à l'aise que dans l'attente d'un départ, ce temps en suspens avant le grand saut vers l'inconnu où nos repères deviennent inutiles. Plus je prends l'avion, moins je suis à l'aise. Au contraire, le bus est l'un de mes vecteurs de voyage préférés. C'est dans le bus Malaga-Grenade que j'ai écrit ce petit texte...
Je suis dans un ailleurs dont je me gave, boulimie de paysages à travers la vitre. En transit. Dépouillée de l'ici et pas encore dans l'ailleurs, entourée de gens qui voyagent eux aussi. J'observe les maisons au bord de la route, dans les collines, au creux des montagnes et aussitôt me viennent des histoires à écrire. Aussi long que puisse être le trajet, je ne m'ennuie jamais. Je regarde les gens et leur invente une histoire. Je détaille les panneaux, tous ces noms du voyage, les étapes furtives et le mystère qui les entoure et que je ne percerai pas. Déjà, adolescente, je rêvais que le bus scolaire m'emmenait en vadrouille, loin, très loin du quotidien qui empestait l'enfermement. J'avais terriblement besoin d'air ! Aujourd'hui, quand je suis en mouvement, je respire. Mon oxygène est dans le voyage. Me mêler à la foule, respirer d'autres épices, me remplir d'énergies nouvelles, marcher à un autre rythme, suivre la cadence du pays où je suis. 
Il pleut depuis le départ de Malaga. Les montagnes ont enveloppé leurs sommets dans la brume qui donne une teinte irréelle au paysage. Le rio Guadalmedina, grossi par les pluies, serpente furieusement entre les rochers. Les millions d'oliviers dansent dans la tempête. Soudain, à l'approche de Grenade, le ciel s'éclaircit et une goutte de ciel bleu vient percer les nuages. La Sierra Nevada n'apparaît pas encore, mais on on devine son ombre bleutée au fond du panorama. 
Au retour, au contraire, j'ai le soleil dans les yeux, la musique de la radio dans les oreilles et comme compagnon de voyage le bonheur d'être en vie, parce que le mouvement, c'est la vie.
Quatre images de Bolivie. Quatre instantanées. Quatre fois le souffle coupé. Quatre instants à regarder par la fenêtre des bus que j'ai si souvent pris.
Non loin de Potosi
 Aux abords du lac Titicaca 
L'altiplano infini
Sur les hauteurs de Cochabamba

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