mardi 30 août 2016

Fontevraud : des moines, des prostituées et des prisonniers

Évidemment, quand on passe par Saumur, il est incontournable de se rendre à Fontevraud, à quelques 25 minutes de là, pour visiter la célèbre abbaye royale, l'un des plus beaux héritages du Moyen Age. 
Les bâtiments
Immenses, évidemment, de l'église au cloître, en passant par toutes les salles qui constituent traditionnellement les abbayes de cette époque. Je retrouve presque salle par salle le plan de celle de Noirlac, dans le Berry, mais ici tout est surdimensionné. Lumineux, bâti en pierre claire, le sanctuaire a de quoi impressionner. Mention spéciale pour les cuisines, typiques de l'époque, ainsi que pour les jardins qui abritent encore des variétés de légumes et de plantes aromatiques d'une grande diversité. Et puis, à ne pas manquer, les tombeaux de Richard Coeur de Lion (dont nous avions parcouru la route dans le Limousin) ainsi que celui d'Aliénor d'Aquitaine, deux personnages clé de notre Histoire et qui, bien que figés dans la pierre, possèdent encore une aura qui va bien au-delà des siècles. 




L'histoire
L'histoire du lieu est assez mouvementée et pour le moins originale. C'est la petite troupe bigarrée emmenée par Robert d'Arbrissel qui y prend ses quartiers au XIIème siècle. Hommes et femmes mêlés, riches et prostituées, le prédicateur parvient à rassembler un ensemble de personnes disparates, formant un ordre qui prône l'exaltation de la foi et le silence. Jusque là, rien d'anormal. L'histoire est assez jolie jusqu'à ce que quelques scandales éclatent, notamment sur les relations suspicieuses qui s'établiraient entre les hommes et les femmes vivant dans l'abbaye. C'est le relâchement total ! Heureusement, la Révolution remet de l'ordre dans tout cela et les moines et moniales de Fontevraud s'éparpillent dans la nature...
Plus tard, le lieu est transformé en prison, l'un des pires lieux de détention qui auront existé en France et ce... jusqu'en 1963 ! Une salle est d'ailleurs consacrée à cette sombre page de l'abbaye. 

Fontevraud aujourd'hui
Le truc le plus incroyable qui puisse se passer dans une abbaye, c'est peut-être d'y dormir. Bien sûr, il y a, pour les très riches, le superbe hôtel grand luxe aux nombreuses étoiles. Lorsque nous y étions, une fête de mariage y avait lieu. Royal pour qui peut se l'offrir (c'est-à-dire peu de gens).
Si vous êtes moins fortunés, vous avez cependant la possibilité de passer une nuit à l'abbaye. Au choix, dans une chambre à l'étage, ou, plus incongru, dans l'une des caisses de bois situées directement dans l'église. J'ai trouvé que ça faisait un peu cercueil et qu'il ne fallait surtout pas être claustrophobe, mais pourquoi pas ! 
Enfin, et comme cela se fait beaucoup maintenant, Fontevraud n'échappe pas au concept de recevoir des installations d'art contemporain au coeur de ses bâtiments moyenâgeux. J'avoue n'avoir que très récemment ressenti un intérêt pour l'art contemporain. En fait, tout a commencé avec ma traduction de ces sensationnels projets architecturaux sud-américains, mais là n'est pas la question. Depuis, cela m'a ouvert les yeux et aiguisé les sens et, devant une oeuvre contemporaine, une installation, je m'interroge, je me pose des questions, j'observe. Et, parfois, je suis littéralement transportée. Je vous en reparle très vite dans un prochain article !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh ! le lit de la princesse au petit pois !! pcr

Emi a dit…

Oui ! en fait il y a un jeu de mots, parce que c'est la chambre de la "princesse au petit poi(d)s". Sous la couche de matelas, on peut voir des chaines et un boulet, référence sans doute aux milliers de prisonniers qui ont croupi à Fontevraud. Ma photo ne montre pas cet angle là !

Olivier a dit…

Bonjour Emi,

Merci pour ce chouette billet. En fait, la mixité à Fontevraud n'a existé que jusqu'à la ... fondation de Fontevraud en 1101 ! Les fidèles qui suivait Robert d'Arbrissel vivaient effectivement en communauté mixte, ce qui dérangeait beaucoup le clergé. La cité monastique, elle, a été organisée autour de 4 monastères différents : 3 pour le femmes et 1 pour les hommes, qui vivaient séparés.

L'ordre double, et non plus mixte, a maintenu cette règle de séparation tout en gardant, fait révolutionnaire pour cette époque, une femme à la tête de l'ensemble, l'abbesse de Fontevraud, souvent de sang royal.



Emi a dit…

Merci pour toutes ces précisions Olivier !