lundi 8 décembre 2014

L'art de la quena

A l'heure où les débats vont bon train concernant le folklore sud-américain, je ne peux pas résister à y mettre mon grain de sel !
Depuis quelques jours sur la toile, les acharnés de morenadas et autre diabladas se font la guerre. Lesquels des Péruviens ou des Boliviens ont inventé telle ou telle danse ? Qui de l'oeuf ou de la poule, voyez un peu le débat. Tout ça parce que des intellectuels de l'UNESCO viennent de se rendre compte (non mais dites-donc ! c'est à c't'heure-ci qu'on se réveille ?) que les danses, les costumes, les rythmes et tout le tralala folklorique déballé lors de la fête de la Candelaria, à Puno au Pérou, avait été "emprunté" à la Bolivie. Ah ouais ? Sans blague ! Comme si on ne l'avait pas remarqué avant ! Evidemment, les Boliviens célèbrent cette restitution à César ce qui lui appartient de droit et sans contestation possible. Les Péruviens ont beau contre-attaquer avec des arguments ras les pâquerettes du genre "la Bolivie est un pays récent, parce que jusqu'à l'Indépendance, l'état s'appelait le Haut Pérou" et patati et patata... Taratata ! Vous avez tort, les mecs, et pi c'est tout ! La fraternité, soi-disant, l'union fait la force... Quand ça vous arrange, oui ! Petite question subsidiaire : Puno, est-ce bien vraiment le Pérou, d'ailleurs ? Ils ont bien des têtes d'aymaras, par là, vous ne trouvez pas ? 
Ce qui me désole, dans cette discussion qui parfois tourne à l'insulte, y'a que la vérité qui blesse, c'est qu'au lieu de se raccrocher comme des sangsues à quelque chose qui ne leur appartient pas, les Péruviens feraient mieux de s'occuper de leur folklore maison. Pourquoi trouver que chez les autres, c'est toujours mieux, alors qu'ils ont à domicile une variété de rythmes, de danses, de costumes, de traditions phénoménale ! Laissez la diablada à ceux qui l'ont créée et occupez-vous de vos coutumes !
C'est en peu comme chercher au Pérou un type qui fabrique des quenas ! Quelle drôle d'idée !
Je lance un autre débat sans le lancer. Juste une transition pour revenir à la leçon de quena que j'ai prise ce week-end. Non, je ne me mets pas à en jouer. J'en ai trop entendu, et trop bien jouée pour risquer de faire tomber la pluie avec des notes désaccordées. Encore une fois, hier, j'ai pu écouter avec toute la capacité auditive qu'il reste à mes tympans la différence entre le son d'une quena en bois et d'une quena en bambou. Il n'y a pas photo ! Du coup, je me demande, comme d'habitude, pourquoi les musiciens qui soufflent dans le bambou se font de plus en plus rares. L'amplitude, la rugosité, la polyphonie, cette vibration qui me fout la chair de poule, tout se perd dans une quena en bois. C'est très joli mais, même jouée par le plus grand des quenistes (j'en ai croisé quelques-uns), elle reste uniforme. Tandis que le bambou, les mecs, il a du coffre, de la richesse ! Il ronronne, siffle, souffle comme le vent de la montagne dans les eucalyptus ! Il parle, il pleure, il rit, il ronfle, même ! Alors oui, le bambou est plus exigent. Il demande plus de doigté. C'est un sacerdoce, le bambou. Ahhh, je pourrais vous en parler pendant des heures ; ça m'a rendue nostalgique, tiens. 
Nostalgique de la Bolivie, de Cochabamba, de Canto Vivo au théâtre Adela Zamudio...

Et pensive aussi. A cause de cette rencontre à La Paz. D'Andrés Mamani assis dans la rue Linares. Le plus grand artiste de la flûte des Andes. Le maestro de la zampoña. Assis dans la rue Linares.

Et pour finir sur une note plus rieuse, voilà ce qu'on fait des tubes fendus, inutilisables : du feu dans la cheminée pour le Père Noël !

Si vous voulez tout savoir sur la quena, en tout cas, tout est là :
http://quena-lug.blogspot.fr/

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