lundi 29 décembre 2014

Billy Elliot

Nord de l'Angleterre. Mines de charbon. Maisons de briques toutes identiques où s'aligne la misère sociale, où se jouent des huis clos de violence, d'alcoolisme, de désespoir familial et de culs de sac. Cela me rappelle les mines que j'ai visitées, celles que j'ai lues et les mineurs que j'ai rencontrés ou approchés dans mes visites ou mes lectures. Des hommes rudes, fiers, au caractère fort et aux épaules larges pour porter les charges de minerai et les poids qui vont avec : maladie, fatigue, injustice, pauvreté. Des hommes qui portent aussi en eux toute une histoire, un passé glorieux et terrible à la fois. Le contexte du film, forcément, ça me touche. Et puis, dans le groupe, dans le personnage collectif des ouvriers, il y a le personnage du père de Billy, joué par le formidable Gary Lewis. On est censé le prendre pour un rustre, un intolérant arriéré qui pousse son jeune fils à faire de la boxe, à devenir fort, à suivre sa trace. Moi, avec tendresse, j'ai vu ses failles. Sa peur de l'avenir, la douleur de son veuvage, sa solitude et ses interrogations d'ouvrier qui n'est jamais sorti de chez lui. Il n'a jamais vu Londres. Ne connaît que la mine. La danse, ce n'est pas qu'il déteste, c'est que pour lui, c'est l'inconnu. Fatalement, ça fait peur. Billy, lui, il n'a pas peur de mettre des chaussons aux pieds et de se confronter à la mauvaise humeur de madame Wilkinson, son professeur. Elle aussi est un peu brève, un peu brusque. Elle est toute cassée de l'intérieur, avec ses frustrations et ses espoirs déçus. Elle transpose peut-être en Billy la danseuse qu'elle n'a pas pu être. Elle le pousse, elle croit en lui. Et on y croit aussi. On danse avec lui sur les pavés noircis de charbon, entre les rangs des policiers venus casser la grève, sous le ciel gris du nord, entre les murs de briques rouges, d'obstacle en obstacle, on virevolte à sa suite. Un film émouvant, fort, qui serre les tripes. 

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