vendredi 28 novembre 2014

Lever de soleil sur le Berry

Ce matin, j'ai décidé de ne pas rentrer. Je m'engage dans l'herbe, le long du canal. Mes chaussures sont trempées, mais imperméables. C'est cool. Un héron s'envole devant moi. La rivière et le canal sont hauts. Il a plu, ces derniers jours. Floc, floc, les interstices entre mes crampons se remplissent de terre molle et me font la semelle lisse et lourde. Je passe le pont, comme dirait Brassens, je traverse la rivière. Un rossignol me coupe la route. Il s'arrête dans un arbre, m'observe. Je m'arrête devant l'arbre, l'observe. On se regarde, quoi. Puis il s'envole tranquillement en me laissant quelques brèves trilles en cadeau. Je suis maintenant sur la route. Crouic, plaf, crouic, plaf. Mes chaussures grincent depuis quelques mois et ça m'agace. Je monte un peu et me retrouve au-dessus du paysage. Les champs à pertes de vue. Au loin, les nuages qui laissent quelques éclairs de soleil se frayer un chemin entre leur masse gris plomb. Je m'en mets plein les yeux, prends des photos. Plein vent. Je grimpe dans les champs pour avoir une meilleure vue, puis m'éloigne. Je rigole toute seule. A intervalles réguliers, je stoppe ma marche, me retourne, reprends une photo, bois un coup, regarde encore. Je me dis, profite, dans quelques mètres, c'est la ville. Les maisons se ressemblent toutes. Je vois le beffroi. Je pourrais rentrer directement mais je repars par la campagne. Les rues ne m'intéressent pas. Par contre, croquer les dernières mûres, oui, ça, ça m'intéresse. Au bout d'une heure trente, je rentre. Mon cerveau est bien lavé, mes jambes sont fatiguées, je fantasme sur le café chaud et le pain grillé, beurre et miel. Je franchis la porte. Ouf ! Ce que j'ai vu, personne d'autre ne l'a vu. Ce matin, quelqu'un a voulu me faire un cadeau. Pour m'aider à surmonter tout le reste, sans doute, pour me le rendre plus doux, moins aride. Les beautés du paysage, ça aide. Je vous dis ça, ça me rappelle le lac Léman, où quelqu'un d'autre, comme moi, se laisse bercer les peines par la beauté du monde...





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