mardi 21 octobre 2014

Moi, Malala


Moi, Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans - © Antonio Almos. Maquette : © Hachette Book Group, Inc, 2013

Malala Yousafzai, Christina Lamb, Moi, Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux Talibans, 2013.
Tout le monde ne parle plus que d'elle depuis qu'elle a reçu le Prix Nobel de la Paix. Malala, la jeune pakistanaise qui s'est fait tirer dessus par un taliban parce qu'elle voulait que les filles aillent à l'école ; Malala qui a complètement éclipsé l'Indien Kailash Satyarthi, co-détenteur du prix et qui le mérite forcément autant qu'elle, mais dont personne ne sait rien. Certains journalistes, à l'heure de donner le palmarès, n'ont même pas mentionné son nom. M'étant trouvée par hasard en présence du livre de Malala ce week-end, je l'ai lu en quatrième vitesse. Je n'avais pas forcément une grande hâte de découvrir son témoignage, je n'en fais pas mon idole absolue. J'étais juste pressée par le temps alors je l'ai lu d'une traite. ça, c'est fait. 
Mes impressions. D'abord, j'avais déjà beaucoup entendu parler du Pakistan et en particulier du nord, région dont est originaire Malala. Et pas par les journalistes, pas par les infos, pas par les discours politiques. Mieux que ça : par quelqu'un qui a vécu le Pakistan de l'intérieur et qui connaît cette belle vallée du Swat comme sa poche. D'ailleurs, je vous invite à aller lire ses écrits sur le blog qu'elle tient et sur lequel elle a beaucoup évoqué ce pays :
http://metreya.blog.lemonde.fr/category/pakistan/
J'avais donc quelques clés pour déchiffrer le témoignage de notre jeune Prix Nobel, des repères géographiques, historiques et culturels qui m'ont servi de balises durant ma lecture, qui m'ont permis d'avoir une vision plutôt objective de l'histoire. Car on croit savoir beaucoup de choses sur le Pakistan, sur les talibans et sur toute une série de sujets. En fait, on ne sait rien. Ou alors, le peu que l'on sait correspond à des informations erronées, déformées, stéréotypées. Bref, fausses. C'est un peu, on en reparlait encore hier soir avec l'auteur du blog, comme lorsque je parle de la Bolivie avec des "touristes". Je ne suis pas, plus, touriste en Bolivie. C'est mon pays d'adoption. Du coup, nous n'avons pas la même vision des choses, nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d'ondes et les soi-disant vérités qu'on m'assène me déconcertent. Avant, je tentais de remettre les gens dans le droit chemin, de leur dire que non, ce n'est pas comme ça. Maintenant, je souris juste en les entendant. Je n'en parle plus. Voilà donc sous quelle forme s'est faite ma lecture du témoignage de Malala. Je n'étais pas en terrain totalement inconnu. 
Le livre m'a intéressée, rappelé des récits que j'avais entendu, ramenée à des faits déjà évoqués. C'est un instantané d'une certaine époque, d'un certain endroit. Un flash-back sur l'histoire récente. Malala, encensée par les médias internationaux, héroïne moderne, passionaria de l'éducation et de l'égalité. Au Pakistan, c'est une autre chanson. Son personnage est assez controversé. Au départ, son combat pour l'instruction des enfants et des filles en particulier, dans un pays gangréné par l'extrémisme et la violence est admirable. Aujourd'hui, pourtant, elle est considérée chez elle comme une marionnette de l'Occident. Ce qu'elle est forcément un peu, consciemment ou inconsciemment, volontairement ou non. L'image qu'elle donne est une aubaine pour les pays du reste du monde, pour l'Europe et les Etats-Unis. Une sorte d'étendard, de porte drapeau de leur combat contre l'intégrisme religieux. Malala, faire-valoir de la guerre menée contre son propre peuple. 
C'est là que le fait d'avoir à disposition un certain nombre d'informations préalables jette une lumière différente sur ce genre de récits. C'est là qu'on est heureux de connaître des gens qui vous racontent les faits avec une plus grande objectivité et qui vous permettent de vous faire une opinion moins tranchée et moins manipulée des événements internationaux. Merci Metreya !

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