mercredi 3 septembre 2014

Le Français en voyage

(Ce n'est pas "les Ch'tis en Bolivie, mais presque...)

1. Le Français restaurateur de vérités
Dans une boutique de souvenirs de La Paz. Ils sont là depuis un certain temps, mettent deux heures à choisir un porte-clés, hésitent, discutent, tatillonnent. Pris dans leur incertitude, les Français sont seuls au monde. Un barbu lance à la vendeuse, à propos d'un disque de musique bolivienne qui se trouve sur le présentoir : "Vous savez, les frères Tintaya vivent en France !", avec la même intonation cérémonieuse et hautaine que s'il lui racontait qu'il avait rencontré le pape. La vendeuse, de toute évidence, n'en a rien à cirer. Soudain, un CD tombe. Au lieu de le ramasser comme n'importe quelle personne bien élevée le ferait, un autre Français, dans sa langue étrangère, accuse indirectement :
"Ce CD, il n'est pas tombé tout seul...".
Il regarde ostensiblement ma fille, qui n'a rien à voir dans l'histoire... et laisse le CD par terre. Manque de pot, môssieur le Zorro des boutiques, nous aussi, on comprend le gaulois....

2. Le Français râleur
(vous me direz, ils le sont tous)
Dans un hôtel de La Paz.
"Je vais me plaindre au guide du Routard ! La douche n'est pas chaude constamment ! Et le petit déjeuner, il n'est pas continental, y'a pas de jus de fruits ! Je vais écrire au Routard !"
(Parce qu'il devait encore croire à la fiabilité du guide en question, le pauvre...)

(la rue Linares, rue des boutiques de souvenirs... tiens, un drapeau suisse !...)

3. Le Français civilisateur
Nous sommes à Sucre. Je déjeune avec deux Françaises (Témoins de Jéhovah, pour l'anecdote) :
"Les cultures andines, soutiennent-elles, ont des aspects positifs, mais quand même, les sacrifices humains qui se pratiquent encore aujourd'hui !... On raconte qu'il y a un homme sacrifié enterré sous chaque pilier de la cathédrale de La Paz ! Et à Oruro aussi !"
Elles ont dû confondre avec les esclaves morts dans les mines au nom du Dieu dollar. Et au nom de Dieu tout court...
(détail de la cathédrale de La Paz... ça fait peur, hein ?...)

4. Le Français anthropologue
Aéroport de Sucre. Une Française donne ses impressions à voix (très) haute sur les couleurs de peaux :
"Je m'attendais à plus de métissage. En fait, ils sont drôlement typés ! Je n'en reviens pas !" 
Cela me rappelle une scène du film "Tambien la lluvia" dans laquelle le producteur espagnol, croyant que son comédien bolivien ne comprend pas l'anglais, disserte par téléphone avec ses financiers aux Etats-Unis en leur disant que oui "deux putains de dollars leur suffisent (aux indigènes) pour être contents". 
Où comment certains abrutis croient encore que la coloration de la peau est proportionnelle à la capacité d'apprentissage des langues étrangères. Moi je commence à croire que, plus on est blanc, plus on est con...

5. Le Français Bisounours
Aéroport de Santa Cruz. Un jeune Français converse avec sa compagne franco-bolivenne. 
"C'est marrant, il y a plus de femmes boliviennes qui se marient avec des Français que l'inverse !"
Sa théorie : les étudiants qui viennent en France viennent pour faire des études de langues et il y a plus de filles dans ces filières, donc plus de filles boliviennes qui se marient avec des Français ; tandis que les garçons, qui font des études scientifiques et techniques, s'orientent plutôt vers les Etats-Unis. Très tirée par les cheveux, sa théorie, au blanc bec ! 
Premièrement, j'aimerais bien connaître la proportion d'étudiants sur le nombre d'immigrés qui arrivent de Bolivie, que ce soit en France ou aux Etats-Unis. Elle doit être minime... 
Deuxièmement, s'il y a plus de femmes boliviennes mariées avec des Français que d'hommes boliviens qui se marient avec des Françaises, c'est peut-être aussi parce que les hommes en général aiment les femmes soumises et que les Françaises s'en laissent peut-être moins conter que leurs consoeurs boliviennes... C'est un avis personnel...
(une brochette de belles nanas)

5. Le Français Robinson, seul au monde
Dans un avion, à l'heure où, préparation au décalage horaire oblige, les lumières se tamisent. Des Françaises parlent (très) fort, sans gêne : le film que j'ai vu, et toi quel film tu as vu ?, et mes bas de contention, et je viens de manger "un" empanada, et le déjeuner était sec, et ce n'était pas bien cuisiné, et les WC puent, et les hôtesses ne sont pas sympa, etc, etc...
Depuis quand, mesdames, prend-on l'avion pour être servi comme dans un palace cannois ? 

Juste pour dire, en conclusion, que parfois, souvent, quand je croise des Français en Bolivie, j'ai honte de partager leur nationalité...
Heureusement, "y'en a des bien"...
(merci aux sympathiques Français qui m'ont immortalisée sur les toits de Sucre !)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

la pachamama nous préserve de balancer des réflexions pareilles quand ce sera notre tour !j'espère n'appartenir à aucune de ces catégories ;-)
PCR

MARTIAL DEBOTTE a dit…

Bonjour,

Je vois malheureusement que les comportements des Français en voyage n'ont pas évolué . A croire qu'il n'y a que les cons qui voyagent. Il y a 40 ans j'ai vécu un certain temps en Bolivie et déjà à cette époque la rencontre de moult touristes français, désagréables impatients bruyants exigeants méprisants étaient monnaie courante Bien sûr je ne veux pas généraliser mais rencontrer des touristes curieux des autres, dans le respect des modes et usages locaux c'était plutôt exceptionnel à part quelques étudiants argentins avec lesquels j'avais noué un lien fraternel. Ces touristes d'hier et d'aujourd'hui voyagent en conquérant et n'ont pas malheureusement l'humilité nécessaire pour Rencontrer l'Autre. Je m'égare, je m'égare. Bonne route à toi.
Martial DEBOTTE

Emi a dit…

@ Cécile : On a toujours peur d'être un peu comme ça... !
@ Martial : tu résumes tout à fait...