mardi 12 août 2014

Trois musées de Sucre

Le musée des Arts Indigènes (ASUR) (proche de la Recoleta)
J'arrive avant l'ouverture et on me fait entrer dans un grand patio verdoyant, arboré. On se croirait à la campagne. Le bruit des "micros" qui grognent en escaladant les rues en pente est bien loin. On pourrait rester là pendant des heures, pour écrire un roman, par exemple… Mais là n'est pas l'objet du jour. Ce musée est passionnant, le meilleur de Sucre. Il est entièrement dédié à l'histoire et à la technique du tissage traditionnel de la région. La salle qui m'a le plus marquée est celle consacrée à la musique, aux fêtes et aux danses et à leurs costumes correspondants, exposés sur des mannequins à taille humaine. Toutes les pièces de tissages sont magnifiques. Les couleurs et les motifs sont rehaussés par le choix de l'éclairage : vous êtes dans l'obscurité et ce sont les objets qui sont éclairés par des spots, ce qui leur donne vie. En bas, dans la boutique, une indigène est en train de tisser. Comme une bête de foire, on a le droit de la prendre en photo. Sa position, assise sur le sol, la met dans une situation d'infériorité par rapport aux touristes qui l'observent. Indignation. Elle devrait être sur un piédestal. Les tissus qui sont en vente le sont à un prix exorbitant : 600 euros une pièce d'1 mètre sur 50 cm…
Anecdote drôle et affligeante à la fois survenue dans ce musée : Un touriste francophone avait payé pour avoir un guide qui lui ferait visiter la ville, ses musées, qui l'emmènerait dans les meilleurs restaurants. Le voici donc au musée des Arts Indigènes. Le guide lui montre un tissage et lui raconte que c'est revêtu de ce genre de poncho que l'actuel président de la Bolivie a célébré son investiture, à Tiawanaku. Bide total : le gringo bougon ne connaît pas le président Evo Morales… Il grogne à chaque description de son guide, ce qui me laisse supposer qu'il s'en fout comme de sa première chemise. Ensuite, le guide lui parle des vigognes, à propos de la laine utilisée pour les tissages. Le gringo ne sait pas ce que c'est qu'une vigogne… Le comble ? Le moment où son téléphone sonne et où le gringo sans gêne… répond ! Il parle dans un espagnol à couper à la machette avec une nana qui l'appelle apparemment de Cuba. J'en profite pour échanger un regard amusé et atterré avec le guide. Grand moment…

Musée d'Ethnographie et Folklore (MUSEF) (calle España)
Ce musée recèle une collection complète de masques de toutes les danses (le "pepino", Lucifer, les "morenos"…), eux aussi dans une obscurité qui fait ressortir leurs visages qui s'animent. A l'étage, une salle est consacrée à la culture Chipaya (celle-là même que Gérard Jugnot avait été rencontrer dans l'émission "Rendez-vous en terre inconnue"). Les mannequins qui pêchent, revêtus de leurs costumes traditionnels, sont plus vrais que nature. Je vous reparlerai de ce musée à propos du festival de cinéma qui y a eu lieu. 

Musée de Charcas (non loin de la place)
Le musée colonial étant malheureusement fermé, je me "rabats" sur le musée archéologique, dans lequel des centaines et des centaines de poteries peintes, de différentes époques, sont exposées. On y voit des reconstitutions de peintures rupestres, des crânes et des momies dans des vitrines, et on peut y vivre l'émotion de toucher du regard des vêtements découverts sur des momies coloniales et ayant été portés par des enfants. 
Dans une autre partie du musée, un nombre incalculable de poupées vêtues de tous les costumes boliviens (cholitas de La Paz, Cochabamba, Chuquisaca…) vous regardent en souriant. D'autres poupées sont affairées à des tâches de la vie quotidienne, comme la fabrication de la célèbre "chicha" (bière de maïs fermenté). Plus loin, on voit des costumes de fêtes en miniature (les danses du Pujllay, des Ayarichis, des costumes de diabladas, de tinku…). La galerie contemporaine du musée de Charcas est à ne manquer sous aucun prétexte. On peut y admirer les charangos sculptés de Mauro Nuñez Caceres, des tableaux de l'artiste Mamani Mamani, internationalement connu. J'ai découvert les peintures du Tchèque Victor Chvatal, qui représentent différentes villes de Bolivie. Je suis également restée en arrêt devant les gravures de Walter Solon Romero, qui tournent autour du thème obsessionnel du Quichotte. J'irai sans doute fourrer mon nez un peu plus loin, plus tard, dans son travail. 




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