lundi 7 juillet 2014

Retour en Bolivie

"Mais maman, tu te rends compte ! A cause du voyage en Bolivie, on ne verra pas le Mont Blanc cette année !"
Dilemme. Et puis quand faut y aller, faut y aller. Les circonstances, les aléas de la vie, ça se précipite, pas le temps de trop réfléchir et on dit "oui". Ensuite, on se dit qu'on a le temps. On achète le billet d'avion comme on prend une place, 6 mois avant, pour un spectacle auquel on rechigne à aller le jour J. Parce qu'on a piscine. Sauf qu'un billet d'avion, ça ne se revend pas sur Le Bon Coin, on ne peut pas rester dans son canapé et manger des pizzas comme on ferait si on allait pas au concert. Alors on fait l'autruche. Pendant des mois on n'y pense plus, on vit sa vie pépère, on fait comme si de rien n'était. On y pense en se rasant le matin, sauf qu'on n'a pas de barbe, donc en fait, on n'y pense pas vraiment. 
Deux semaines avant le grand départ, on se réveille, on se regarde dans le miroir et on réalise qu'il faut impérativement :
- trouver à se loger sur place,
- acheter le pack médicaments,
- changer un peu d'argent mais c'est trop tard,
- accessoirement, faire ses valises.
Pendant des semaines on a auto-argumenté qu'on était laaaaarge. Mais là, ça urge. La pression monte. Normalement, quand on part en voyage, les achats de dernière minute se font dans un enthousiasme mêlé de stress, mais dans l'enthousiasme. Pour moi, tout est différent.
Ce n'est pas mon premier voyage en Bolivie. C'est mon quatrième. Si vous êtes un peu curieux, tout est là.  

La première fois, j'y allais pour les études, pour découvrir, pour réaliser un rêve.
La deuxième, pour y rester, voir du pays, travailler, me fondre dans la masse.

La troisième, en famille, pour transmettre, créer un lien, planter des racines, acheter un appartement, la totale.
Et puis de l'eau est passé sous les ponts. Un tsunami, plutôt. 
La rupture avec le pays, parmi tous les déchirements, a été rude. Llajtay blues. Pour accuser le coup, je n'ai plus lu les journaux, plus mangé de quinoa, plus écouté Norte Potosi, plus voulu en entendre parler. J'ai pris le grand grand large. 
Et nous voilà revenus à la case départ. L'angoisse monte. C'est toujours le même pays, mais plus comme avant. Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? L'enthousiasme n'est plus là. La peur, un peu. De me sentir perdue. De ne plus rien comprendre. De ne pas trouver mes marques. De m'emmerder à 100 sous de l'heure. On me dit "waou ! Quel beau voyage !" et je songe "bof... Je serais tellement mieux assise dans mes alpages..." 

Allez, demain, c'est décidé, je m'y mets. J'ouvre une valise, juste pour vérifier que je ne vais pas tomber là-dedans dans un précipice. Parfois, quand on est enfant, on demande à maman de vérifier que le loup n'est pas sous le lit, le soir, avant de dormir. Un truc dans le genre. J'imagine. Demain, j'achète le Routard et je reprends tout depuis le début. 
La Bolivie ? Connais pas. Hâte de découvrir...
Maison... à l'année prochaine...

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