dimanche 13 juillet 2014

La Machine (58)

La mine avec des yeux d'enfants....
On entre dans la ville de La Machine. Rien que le nom, tout est dit. Le petit train à l'entrée du village n'a rien d'un train touristique. Le mineur au travail est gravé dans le roc. Hommage aux gueules noires. Nous sommes dans une cité minière. 


La lampisterie, la salle des pendus. Les vêtements accrochés au plafond et qui sèchent de la transpiration du jour. Le casque est trop grand, la lampe trop lourde. La galerie trop noire et en pente. On trébuche. Trouillomètre à zéro. La mine, la première fois, c'est toujours impressionnant. Il faut accepter de perdre ses repères, le sens de l'orientation, d'oublier la direction de la sortie et même qu'il y en a une. Ensuite, on s'y fait, c'est comme tout.

Il y a le bruit, aussi. Effrayant, qui rend dingue. Les marteaux-piqueurs, la pompe à eau, les explosions de dynamite, attention les enfants, bouchez-vous les oreilles. Comment les mineurs pouvaient-ils entendre la cloche qui annonçait un incendie, un accident, dans tout ce vacarme ? On se le demande. Il paraît que si. 
Pauvre Lisette, qui a passé 10 ans de sa vie dans cet enfer. Lisette, c'est un âne. Mais pas n'importe quel âne, non mademoiselle, non jeune homme ! Lisette, elle savait compter jusqu'à 6 ! Elle écoutait le son des wagonnets de charbon qu'on accrochait derrière elle pour qu'elle les tire, et à 6, elle démarrait. Pas à 5, ni à 7. Seulement à 6. Lisette, elle savait compter. Les animaux, qui restaient 10 ans dans la mine, ne ressortaient pas forcément aveugles, comme on le dit souvent. Par contre, une fois à l'extérieur, il fallait leur ôter, semaine après semaine, les couches successives de tissus qu'on leur avait placées sur les yeux, pour que la lumière ne les brûle pas. Ce qui les faisait mourir, parfois, c'était de se retrouver avec toute cette liberté et de ne savoir qu'en faire, séparés qu'ils étaient à présents de leurs camarades de travail, les mineurs. En voyant Lisette empaillée, visitée par les touristes de temps en temps, on se prend d'affection pour ces animaux courageux.
Le musée complète la visite. Les bureaux de l'administration sont restés intacts, le mannequin de cire, avec ses binocles sur son nez pointu, est très réaliste. Les salles sont très bien organisées et on revit l'épopée de La Machine. On se replonge avec moins d'angoisse dans l'obscurité des galeries grâce à des reconstitutions réalistes.

Le dimanche, les anciens mineurs font la visite. On reviendra. Ils nous expliqueront de manière encore plus vivante (même si la guide était extrêmement sympathique ! merci !) comment ils descendaient et remontaient dans la cage, comment il revenaient tout noirs de là-dessous et comment ils étaient fiers de leur métier. 

Aucun commentaire: