jeudi 27 juin 2013

Métisse palissade

Eugène Ebodé, Métisse palissade, 2012.
C'est bien la première fois de ma vie que je jette un livre. Bien entendu, en dehors de certains manuels de préparation aux concours dont je m'étais débarrassée après les avoir raturés et surlignés. Mais c'est la première fois que je me défais d'un roman, qui plus est, non terminé. Cependant, avant d'en arriver à cette extrémité, certains signes ne trompaient pas :
- lorsque le programme télé était déprimant, j'ai préféré m'écraser sur mon canapé devant une émission abêtissante plutôt que de me faufiler dans mes draps et entre les pages de mon livre de chevet, comme j'en ai l'habitude,
- pour la surveillance d'examen à laquelle je devais sacrifier aujourd'hui, ayant prévu de passer le temps grâce à ce roman, je n'ai pu me concentrer et j'ai même dû me lever, sortir de la pièce pour aller prendre l'air et me dégourdir les jambes tellement mes yeux papillonnaient de sommeil et d'ennui.
Finalement, repensant à la question de l'une de mes amies écrivaines qui s'interrogeait sur l'incongruité que j'avais de terminer jusqu'aux livres que j'avais détestés, j'ai refermé celui-ci et j'ai décidé de le jeter. Bien sûr, je pourrais justifier cela en expliquant que je suis en plein déménagement et que mes cartons sont faits, que je ne veux pas m'encombrer d'un échec littéraire, mais non, je vais tout simplement vous dire la vérité : je n'ai trouvé aucun intérêt à cette oeuvre, composée d'un patchworks d'étalage culturel et de connaissances barbant à souhait. L'un des personnages est un pied noir converti à l'islam ? C'est le prétexte pour nous dresser un panorama exhaustif sur les différentes idéologies qu'a suscitées la guerre d'Algérie. L'interlocuteur principal du narrateur vit en Suisse ? Nous avons droit à un portrait détaillé de la démocratie helvétique. Quant à l'histoire, tel un vieux poste de radio grésillant parasité par des ondes extérieures, elle ne parvient pas à s'imposer. Il est question d'un couple mixte, un homme africain complexe et torturé, surtout par les tribulations de son sexe, il faut l'avouer, ainsi que d'une femme française bougonne et peu compréhensive. Si le sujet n'était pas traité de manière aussi floue, on pourrait même y voir un archétype de caricature. Le narrateur est donc le fils de ces deux personnes, et nous sert des couplets mortellement ennuyeux sur le métissage, intercalés entre des scènes de famille, de couple, d'adultère et de disputes dignes d'une mauvaise série B. 
Comprenez donc que, pour reprendre la métaphore de la palissade (qui intervient dans chaque chapitre sous forme d'une maxime sibylline, comme un cheveu sur la soupe), je n'ai pas réussi à sonder le mur de platitude qui entoure le propos et n'ai pu y trouver aucun intérêt. Métisse palissade... Pâle glissade... 

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