dimanche 10 mars 2013

Un soir à Bourganeuf

Cette ville est un joyau. Ces gens-là vivent dans un musée. Vous savez, comme on fixe son attention sur un bol en céramique derrière une vitrine d'exposition en plissant les yeux très fort pour se figurer qu'il y a longtemps, des hommes on bu là-dedans. Eh bien, à Bourganeuf, pas besoin de plisser les yeux. Ou bien est-ce le vent de ce soir-là qui nous projette directement dans le passé. Sur la place de l'église, à 360 degrés, on est entouré de maisons anciennes aux fenêtres ornées de linteaux tous différents, de terrasses à l'italienne, de rues pavées qui s'enfoncent au coeur de la ville. Et, partout, l'ombre des chevaliers de l'Hôpital. Ce sont eux qui ont construit, pour le fils d'un sultan ottoman en fuite, Zizim, la tour qui porte son nom. Dans cette prison dorée, le prince oriental est resté pendant des années, à la fois enfermé et protégé des complots de succession. En levant les yeux, on ressent toute cette histoire, cette anecdote au sein de la grande Histoire tourmentée de l'époque : le sang et la fureur fanatique des Croisades, les trahisons sous les dorures de l'Empire Ottoman et, au milieu de la France, une bourgade synthétisant tout cela.






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