jeudi 12 janvier 2012

Entre chiens et loups

Le débat fait rage sur les pages numériques du Dauphiné aujourd'hui. Dans la vallée de Chamonix, les chiens errants sont de plus en plus nombreux et viennent tuer les chevreuils et autres gibiers, descendus à l'abord des habitations, dans les vallées, cherchant la nourriture qu' ils ne trouvaient plus sur les pentes des montagnes après les abondantes chutes de neige de ces dernières semaines. Les chasseurs eux-mêmes, sans doute plus respectueux de la nature que dans d'autres régions, ont décidé d'arrêter de chasser et de nourrir les animaux sauvages. Conséquence, les chiens errants en question viennent attendre les chevreuils près de ces points de nourriture et pour eux, la tâche est alors simple. Poursuivre un chevreuil est d'autant plus facile qu'il s'enfonce dans la neige, pas le chien. Bref. Enfin, on reconnaît que les chiens font plus de mal que les loups... Tellement maudits, les loups, responsables de tous les mots depuis bien longtemps, associés aux sorcières, voir même pire, au diable... Et pourtant, dans le regard d'un loup on lit tellement plus d'intelligence que dans celui d'un chien, la plupart du temps plus bovin que celui d'une vache. Pour avoir croisé le regard d'un loup, je sais qu'on n'en sort jamais indemne. On s'y noie, on s'y soumet, on se remet à sa pauvre place d'humain pressé et déstructuré. Les loups, système d'organisation sociale ultra complexe, règles strictes, fonctionnement extrêmement logique dont on devrait s'inspirer, nous les hommes. Au lieu de quoi nous les méprisons. Faute de pouvoir domestiquer les loups, nous avons pris des chiens. Beaucoup. Trop. En ville, n'en parlons même pas, c'est une catastrophe. En France comme ailleurs. Car les chiens, en plus d'avoir des maîtres idiots qui les prennent pour leur compagnon ou leur enfant et leur font faire leur besoin sur les pelouses où d'autres auraient envie de s'allonger pour regarder passer les nuages, les chiens donc se sont multipliés. Ont pullulé. Et regardez par exemple en Bolivie, les cas de rage sont légion, les enfants se font mordre et meurent. A Cochabamba, dans ma chère Zona Sud, loin des gratte ciels, sortir de chez soi pour aller prendre le trufi représente toujours une aventure risquée, trois ou quatre chiens attendant toujours au bout de la rue. On est même maintenant obligés de porter les enfants, au cas où. On n'est plus chez nous. Les chiens sont entrés dans les villes. Et dans les campagnes, le problème est aussi inquiétant. Certains chiens de ferme sont tellement agressifs qu'on n'ose plus s'en approcher. En règle générale, pas de laisse, pas de colliers, les chiens sont libres, plus libres maintenant, beaucoup plus, que les loups. C'est la toute puissance canine. Mais apparemment certains ne sont pas de mon avis. Il est intéressant de lire les commentaires à l'article qu'ont posté les lecteurs à ce sujet. D'abord, on lit que non, ce ne sont pas les chiens bien élevés (parfois mieux que leurs maîtres) qui vont agresser les pauvres animaux sans défense, mais bel et bien les chiens errants venant de prétendus "bidonvilles" autour de Chamonix. Après avoir été suspectés de voler des poules, ce sont donc, je crois malheureusement le comprendre comme ça, les gitans qui sont accusés de détruire le gibier chamoniard. Parce que le mot "bidonville" ne fait sûrement pas référence aux caravanes des hollandais, enfin je pense... Ensuite, quelqu'un propose même... d'enfermer les chevreuils!! Mais oui, excellente idée! Installons notre civilisation prétenduement développée et avancée partout où l'on veut et enfermons-donc la nature sauvage entre quatre clôtures de barbelés. Ce qui nous pend au nez, avec cette bêtise là et cette ignorance impressionnante de notre qualité de pauvres animaux se croyant supérieurs aux autres espèces, c'est de n'avoir plus d'autre nature que celle qui surnage dans nos souvenirs d'enfant, ou encore celle enfermée dans des bocaux, la seule trace de ce qu'il en restera quand on en aura terminé avec la domestication de tous les territoires de notre planète.
Allez donc lire l'article et les commentaires ici:
Quant à moi, je reste dans l'illusion et le rêve de croiser un jour un loup en liberté... Mais d'ici là, peut-être que les humains auront retrouvé la raison, que la nature aura repris toute sa supériorité et que c'est le loup qui m'enfermera dans une cage...

2 commentaires:

Laure Hetzel a dit…

C'est très juste, tu sais d'ailleurs combien je partage ton avis ! Cela me fait penser à cette phrase fantastique entendue ce matin à la radio "On pense avoir retrouvé des traces d'OGM dans du miel fabriqué en Allemagne - Mais non, dit la madame responsable de la sécurité sur les OGM en France, nous avons des normes strictes c'est donc impossible" No comment...

brunolug a dit…

Il faudrait surtout débarrasser la montagne des snobinards et des mimiles qui gèrent leurs congés (ainsi que le reste de leur vie) comme un produit discount de supermarché, pourrissant les lieux avec des faux débats alors que le problème est d'abord et avant tout d'ordre spéculatif sur la manne de l'or blanc.