mardi 29 novembre 2011

Martin des Loges, l'histoire dans l'Histoire

Marie Louisel, Martin des Loges, 2006.
Ca me rappelle ma grand-mère. Et quand je dis ça, je ne veux pas parler du pull en laine tricoté main qui pique dans le cou ou des gâteaux dégoulinants de chocolat, pas du tout. D'abord, soit dit en passant, les pulls de ma grand-mère ne grattaient pas dans le cou et ses gâteaux avaient, en terme de chocolat, toujours la juste mesure, ni trop, ni trop peu. Mais ça me rappelle ma grand-mère, j'y peux rien! Déjà, j'étais allée plusieurs fois sur le blog de l'auteure, Les neiges d'antan, parce qu'elle a le don de raconter des histoires comme on aime à les entendre, comme si on y était. Le passé toujours présent, la nostalgie jamais larmoyante, des souvenirs, comme savent si bien en raconter les grand-mères. C'est sans doute parce que je suis frustrée de n'avoir pas assez questionné la mienne que j'aime me réfugier dans la compagnie de celles des autres. Vous me suivez? Alors quand j'ai su, d'une, que cette mamie là était la maman d'une amie et de deux, qu'elle avait écrit un livre, ouvrage qu'on me glissait gentiment entre les mains, j'ai ressenti une sorte de bien-être enfantin quand on savait que demain c'était dimanche et que grand-mère arrivait avec sa tarte aux pommes... Une salivation de l'esprit en pensant à quelque chose de doux, de familier, de réconfortant pour les blessures d'enfant. Les blessures d'enfant étant toujours là, je me suis empressée de plonger dans le roman de Martin, ce personnage attachant dont on suit l'itinéraire d'apprenti compagnon, de constructeur de cathédrales, au Moyen Age, époque, je l'avoue que je ne connais pas vraiment bien pour ce qui est de la France. Je n'ai jamais été amie des dates, j'en ai pleuré des larmes pour les apprendre par coeur... Résultat des courses, il ne me reste presque rien de l'histoire de France. Allez, 1515, et encore. J'avais bien essayé aussi de me lancer dans la lecture des grands classiques, pour ma culture, mais Notre Dame de Paris m'avait vue peiner comme Sisyphe, recommencer encore et encore les 10 premières pages pour finalement ne jamais parvenir à la onzième. Encore un échec. Alors en commençant le roman de Martin, grande surprise, rien de tout cela. De l'Histoire oui, mais une petite, familière, au service de la grande. Un air de ne pas y toucher, un récit entraînant, comme l'un de ces contes qu'on nous racontait enfant avant de nous endormir, et finalement, sans en avoir l'air, un ouvrage hyper documenté sur l'époque, les coutumes, les événements historiques, la vie quotidienne au Moyen Age, au temps des cathédrales. J'ai beaucoup appris, bien plus qu'en lisant un livre d'Histoire, et je me suis plongée dans Martin des Loges comme on se plonge dans le tablier d'une grand-mère pour essuyer ses larmes, comme on plonge ses yeux dans les flammes du foyer un soir de veillée, quand les grands racontent les histoires du passé. Seulement Marie Louisel a ça en plus, elle est une vraie conteuse.

2 commentaires:

brunolug a dit…

Mazette! je lui envoie directement le lien elle va bicher et bien savoir me rappeler que toi, au moins,tu l'as lu, son livre!

meregrand a dit…

Merci de tout coeur Emi pour ce très aimable compte rendu de mon "Martin"...Vous m'avez percée à jour, comme si vous me connaissiez parfaitement. Ce qui me fait le plus plaisir c'est que vous avez "plongé" dans mon bouquin, rapidement, sans perdre de temps,comme on boit une bonne tisane un jour de grand froid, et que je vous rappelle une grand'mère peu connue. C'est très réconfortant pour moi !
M E R CI ! Mèregrand "les neiges d'antan"