samedi 14 mars 2009

Bidonville tour

Depuis la sortie d'un film montrant les bidonvilles en Inde, des groupes de touristes affluent sur les lieux pour visiter les quartiers pauvres indiens. On leur fait faire un circuit à travers les ruelles, serrer la main des enfants orphelins et malnutris, et ça y est les riches occidentaux croient avoir touché la misère du doigt. Certains sont même convaincus que leur venue dans le bidonville peut apporter quelque chose de positif à ces populations pauvres. Mais leur apporter quoi au juste? Une impression de soutien venue de l'extérieur? Les habitants des bidonvilles du monde entier ne sont pas dupes. Ils savent bien que ce ne sont pas quelques touristes qui vont améliorer les choses mais que le pouvoir de changer est entre les mains des gouvernements, voir même des grandes organisations internationales qui soit dit en passant se fichent pas mal de leur sort. Soyons réalistes: déjà qu'en tant que bénévole dans une association à but humanitaire on ne se sent pas toujours utile, en tant que touriste on ne sert évidemment à rien. Je me souviens être restée plantée là certaines fois dans la décharge de K'ara K'ara en Bolivie, ne sachant que faire pour aider en voyant tout ce petit monde s'agiter autour de moi, déjà tout à fait organisé avec les moyens du bord. J'avais alors senti le décalage entre la manière dont je pensais apporter de l'aide et ce dont ces gens avaient réellement besoin. En fait pour les aider il faut s'intégrer complètement dans leur système débrouille, c'est encore sans doute le plus efficace, mais peut-être aussi le plus difficile. Quant à aller visiter la décharge en tant que simple touriste, j'avoue je n'y avais pas pensé! Mais j'imagine que certains ont déjà dû mener l'expérience, tout comme dans les bidonvilles indiens que je viens de voir dans un reportage télé ce matin où un jeune homme faisait visiter son quartier à un groupe d'américains blonds et comme toujours persuadés d'avoir les pouvoirs de Superman, de tout comprendre, de tout changer. Je n'ose imaginer le récit de leur voyage en rentrant dans leur magnifique pays riche et parfait: "J'ai visité les bidonvilles de Bombay! C'était vraiment impressionnant, toute cette misère! Et l'odeur! Les pauvres, je me demande comment ils font pour vivre dans cette puanteur, moi je ne pourrais pas! J'ai touché la main des enfants orphelins aussi! Quelle émotion! J'ai senti qu'ils étaient heureux de nous voir! Si cela peut changer un peu leur vie de rencontrer des étrangers. En tout cas je suis convaincu que notre visite du bidonville va faire avancer les choses. J'ai donné mon stylo à un des enfants! Je suis sure qu'aujourd'hui je ne vais plus voir la vie comme avant!" Et blabla bla.... etcetera... Il faut leur dire que les gamins n'en ont rien à faire de leurs cadeaux, que leur vie ne va absolument pas changer et que déjà tout petits qu'ils sont ils le savent bien, et que eux, occidentaux en mal d'exotisme, ne sont venus et considérés que comme des voyeurs, riches et indécents, et que leur visite ne sert absolument à rien sinon à rabaisser encore plus les pauvres qui se sont sentis regardés comme des bêtes curieuses. Le bidonville? Un zoo à ciel ouvert. Et eux, ces touristes blancs becs, ils y sont allés dans leurs bidonvilles? Comment ça il n'y en a pas aux Etats-Unis? Ah ces gringos! Ils auraient le nez dedans qu'ils diraient encore que c'en n'est pas!

K'ara K'ara plage et ses hôtels 4 étoiles

(Photo:emi)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ces connards de touristes devraient venir chez moi, à la campagne pourtant qualifiée de civilisée de par sa situation géographique ,et je les inviterais à voir la solitude,la misère, les bidonvilles "disséminés" de la campagne française dont nos compatriotes feignent d'ignorer l'existence avec la plus stupéfiante mauvaise foi.