mercredi 10 décembre 2008

Le jade et l'obsidienne

Alain Gerber, Le jade et l'obsidienne, 1981.

Ca parle du Mexique, des Aztèques, je prends! Petit retour en arrière à l'époque de mon adolescence, quand je recopiais des pages et des pages de livres sur les Aztèques et les Mayas, que je décalquais les photos de la pyramide de Palenque... J'avoue, j'ai pourtant eu du mal à "rentrer" dans ce livre. Le style peut-être, un peu compliqué, la narration sans doute, pas très claire -au début on peine à comprendre l'histoire -de quoi s'agit-il? où sommes nous? quand?-, à identifier le narrateur -qui parle?-. En réalité nous nous situons dans les dernières années de l'Empire Aztèque. Celui-ci arrive à la fin d'un cycle de 52 ans, et pour que le soleil renaisse il faut donc se prêter à un nombre astronomique de sacrifices humains. C'est une débauche de guerre fleurie et de sang qui coule, un massacre. Au milieu de ce désastre institutionnalisé, un jeune guerrier, Chimalpopoca, se glorifie de devenir un des meilleurs de sa caste, dévoué au Dieu Tezcatlipoca, "miroir fumant", le frère ennemi de Quetzalcoatl. Le père de Chimalpopoca est d'ailleurs au désespoir de voir que son fils s'oriente vers les armes plutôt que vers les livres. Même la belle Atototl dont il est amoureux se détourne de lui car elle rejette cette horrible cruauté du sacrifice humain et de la guerre. Mais un beau jour, lors d'une campagne contre un peuple ennemi, Chimalpopoca perd l'usage d'une main et doit donc prendre sa retraite de guerrier. Il s'oriente alors vers une carrière dans la justice et devient peu à peu l'un des conseillers favoris de l'empereur Moctezuma. Petit à petit, à la grande satisfaction de son père, il se plonge dans les livres et se détourne du Dieu Tezcatlipoca pour lui préférer le pacifisme de Quetzalcoatl. De plus, l'année qui commence est une année Un-Roseau et Chimalpopoca est certain que le Dieu, comme il l'avait annoncé, va revenir parmi les hommes. Il entame alors une croisade perdue d'avance contre les sacrifices humains, qui selon lui dissuadent Quetzalcoatl de revenir. Au palais personne ne le soutient, jusqu'au jour où Moctezuma en personne lui révèle un lourd secret: les sacrifices humains sont de toute façon inutiles, les Dieux sont morts et n'ont pas besoin de ces horribles offrandes, ils ne reviendront pas dans ce monde. En un instant tout s'écroule autour de Chimalpopoca, mais il ne peut se résigner à croire ce que lui affirme l'empereur. D'autant plus qu'à l'est, d'étranges personnages d'acier viennent d'arriver sur des temples flottants. Cette fois c'est sûr, ce sont les envoyés de Quetzalcoatl, il en est persuadé. Il lui faudra pourtant se rendre à l'évidence: ces guerriers de fer qui massacrent son peuple ne sont que des hommes, et les pires qu'il soit. L'Empire Aztèque s'effondre face aux conquérants espagnols. C'est la fin de son monde que contemple Chimalpopoca dans sa barque qui s'éloigne de la ville en flammes.

L'histoire, on la connaît tous. Le roman est parfaitements documenté, bien écrit. Peu à peu on pénètre dans ce monde inconnu jusqu'à ce qu'il nous devienne familier, juste au moment où les espagnols le détruisent. Belle tentative que de vouloir restituer la fin de l'Empire Aztèque vue de l'intérieur, à travers le regard désespéré et rempli d'effroi de l'un de ces plus fidèles sujets.


Quetzalcoatl et Tezcatlipoca

2 commentaires:

Enrique a dit…

Bonjour! j'ai lu "les jours de vin et des roses" du même auteur!
J'ai aussi écouté ces emissions sur France musique, il nous racontait sur la vie de jazzmen avec une pointe de mélancolie.
Le chroniqueur comme l'écrivain font d'Alain Gerber une admirable personne.
Un jour quelqu'un a suprimé ses emissions. comme ça! d'un coup de crayon!
Comme dit notre ami de la selva: Nous vivons une époque formidable!

M a dit…

Je l'ai lu et me souviens d'un autre de Gerber : "Le lapin de lune" !