samedi 26 juillet 2008

Des bobos dans la forêt

Je sais je réagis un peu tard sur le sujet, mais la chaleur ambiante et mon agenda bien rempli de prof en vacances m'ont un peu fait sortir de la tête ce que je voulais pourtant dire il y a une semaine après la diffusion d'un reportage d'Envoyé Spécial sur le Pérou (en même temps ce n'est pas plus mal de faire refroidir ses coups de gueule le temps qu'ils redeviennent censés et intelligents, bien que tout de même pas dépourvus d'ironie...). La semaine dernière donc Envoyé Spécial passait un reportage sur des français en mal de sensations qui vont en vacances dans la selva péruvienne pour rencontrer les chamans et goûter de la plante hallucinogène, histoire de s'évader un peu. Déjà le sujet prêtait à sourire. Ensuite on souriait une deuxième fois en voyant la bande de blancs becs se vider les tripes de tous les côtés après qu'un indien leur donne une boisson à base de plantes provoquant un lavement immédiat de toutes les impuretés du corps. A voir leurs expressions de désarroi devant l'ampleur de la révolution gastrique, on se disait alors que des impuretés, physique et mentales, leur corps devait en contenir des tonnes. Ce remède de cheval s'explique cependant par le fait que n'importe qui ne peut pas prendre de l'ayahuasca (la fameuse plante) comme ça, qu'il faut d'abord avoir l'esprit et le corps préparés, réceptifs, et il est vrai que le fait de vivre dans nos sociétés polluées dans tous les sens du terme rend la tâche un peu plus ardue. Bref, après s'être consciencieusement vidés, les gringos avaient enfin le droit de rencontrer le chaman et de participer à la cérémonie de l'ayahuasca. Arrivé à ce stade là, deux résultats sont possibles: soit le corps n'est pas réceptif et le non initié va avoir des visions, sans plus, des éléphants roses dans le meilleur des cas; soit le non initié va être réceptif aux pouvoirs de la plante et va, comme la jeune femme du reportage, se transcender, vivre une expérience qui lui révèle une autre part de lui-même. C'est à ce moment donc que nous voyons cette femme blanche prendre toutes les caratéristiques du jaguar, sans doute son animal "guide" ou "protecteur". Seulement le lendemain, la jeune femme est encore dans un état second et il est pratiquement sûr que cette expérience peut la marquer durablement, dans le positif comme dans le négatif. Pourquoi? Tout simplement parce qu'elle n'est pas chaman, pas indienne non plus, et qu'elle ne possède pas les clés culturelles et innées pour interpréter ce qu'elle vient de vivre. Il semble donc que l'accès trop violent à une autre culture peut, par le décalage profond qu'elle suscite, entraîner des traumatismes personnels, psychologiques importants. Et c'est là qu'on se rend compte que les plantes hallucinogènes, ce n'est pas que les éléphants roses, ça englobe tout un sytème de valeurs et de pensée qui nous sont étrangers. L'histoire ne dit pas si la jeune touriste à continué à grogner en rentrant en France...

2 commentaires:

M a dit…

Re-salut Emi,

Tu vas rire mais j'ai invité une amie et nous venons de terminer une délicieuse tarte aux courgettes suivant ta recette... suivie d'un sorbet framboise accompagné de coulis du même fruit fait par bibi.
Elle me racontait avoir vu une émission, or il se trouve que c'est celle dont tu parles. D'après ses commentaires qui rejoignent d'ailleurs les tiens j'en conclu que ce sont de vrais charlots. Je peux te conseiller un autre reportage que j'ai téléchargé l'année dernière, qui me semble bien plus sérieux. Il s'agit de "L'Ayahuasca, le Serpent et Moi" d'Artline et France 5.

Armelle et ...

Anonyme a dit…

C'est consternant d'être obligé d'avaler un tas d'inepties télévisées alors que l'on a dans notre patrimoine ethnologique des richesses autrement sensées telles que celles difusées par des organismes comme Connaissances du Monde ou du Cercle des Explorateurs,ceci avec un état d'esprit autrement plus respectueux des peuples observés.
Allez: une récompense à qui me retrouvera en cassette ou dvd la série de Frédéric Rossif sur les Andes qui devait s'intituler: "L'oeil du condor" si mon souvenir est bon.