dimanche 9 mars 2008

Bolivianita

Il n'y a pas qu'à Potosi qu'il y a des mines: en Amazonie aussi les hommes creusent dans la terre pour en découvrir les richesses naturelles. C'était le sujet d'un bon documentaire sur France 5 cet après midi et intitulé: "à la poursuite des pierres précieuses: l'amétrine de Bolivie". En réalité là-bas on appelle cette pierre semi précieuse la "bolivianita", car on ne la trouve que dans ce pays. C'est en fait un mélange d'améthyste et de citrine, d'où ses tons bicolores, lilas et jaune. Elle aurait déjà été connue des indigènes vivant dans la région et la légende raconte que les espagnols en auraient eu connaissance lorsqu'un de leurs conquistadors serait tombé amoureux d'une indienne qui lui aurait offert une amétrine en souvenir de leur amour. Le documentaire montre bien toute la chaîne d'exploitation de la pierre, depuis la mine jusqu'à sa vente en passant par le travail de polissage et l'exportation.
(Photo:emi)
On pénètre donc dans la mine de Anahi, située non loin de la frontière brésilienne, dont on nous dit que dans les années de la dictature elle était exploitée et les pierres exportées directement au Brésil, un trafic qui devait rapporter des millions de dollars au pouvoir en place. Aujourd'hui la mine est bien gardée par des hommes armés. Les mineurs qui y travaillent ne sont pour la plupart pas de la région de l'Oriente mais plutôt de l'Altiplano (on ne le dit pas dans le reportage mais leur physique et leur accent parle pour eux!). Ils ont d'ailleurs amené avec eux leurs rituels et leurs croyances comme le respect à la Pachamama qu'ils investissent pour trouver l'amétrine, et surtout la vénération au Tio qu'ils pratiquent comme leurs collègues de l'étain ou de l'argent, avec des feuilles de coca, des cigarettes et de l'alcool.
Le reportage montre très bien les clivages ethniques encore en vigueur en Bolivie et qui ont toujours la même importance dans les relations sociales. Je m'explique: les mineurs, comme je l'ai dit, sont en général des "kollas" (c'est-à-dire des quechuas ou des aymaras, des émigrés venant de la cordillère, de la moitié est de la Bolivie); lepropriétaire de la mine est blanc; la jeune femme qui conçoit de nouveaux modèles de bijoux ainsi que la jeune acheteuse que l'on voit à la fin du reportage sont des "cambas" (c'est-à-dire des métisses de la région de Santa Cruz, de l'Oriente, qui a toujours été marquée comme étant une région de grands propriétaires terriens créoles). En résumé, il faut dire que ce reportage n'est en rien une caricature de la société bolivienne, mais qu'il montre simplement la réalité dans les faits. Les indiens sont encore en bas de l'échelle sociale tandis que les métis et les blancs se partagent encore les postes importants et par là même les richesses que les indigènes exploitent pourtant. On voit donc que malgré l'arrivée au pouvoir de Evo Morales et toute l'energie qu'il déploie à amener les autochtones aux postes les plus élevés de l'Etat, cinq siècles de colonisation laissent les traces difficilement modifiables d'une structure sociale ethniquement hiérarchisée.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La bolivianite fait partie
du nombre des richesses qui expriment le caractère contrasté de ce pays.

Anonyme a dit…

merci pour l'éclairage !