Le 10 février 1781, dans la ville de Oruro, métisses et créoles s'allient à la rebellion indigène et s'en prennent à tout ce qui est espagnol: leurs maisons sont brûlées, leurs biens saccagés. Cette révolte sanglante fait écho à celle menée par Tupaj Amaru et parallèlement par Tupaj Katari dans les années 1780-81. Mais qui étaient ces deux figures dont les noms restent ancrés dans l'histoire commune du Pérou et de la Bolivie?
TUPAJ AMARU d'abord, en réalité José Gabriel Condorcanqui, nait près de Cuzco vers 1740. Eduqué par les Jésuites, il prend le nom de l'Inca Tupaj Amaru dont il est un descendant et décide de restaurer l'Empire Inca. Seulement un de ses critères de gouvernement ne fut pas forcément accepté par les indigènes puisqu'il n'avait pas pour but de détruire tout ce qui était espagnol: il pensait en effet inclure les métisses et créoles qui souffraient aussi d'une certaine manière de la domination de la Monarchie Ibérique. Sa guerre, il la déclare donc à ce qui vient de la Péninsule. Il propose la suppression de la mit'a (le travail forcé) et le réattribution des terres aux indigènes. Cette rebellion, mûrie pendant 10 ans, connaît son apogée entre 1780 et 1781, date à laquelle Tupaj Amaru est écartelé.
TUPAJ KATARI, en réalité Julian Apaza, forme son nom à partir de ceux de deux grands caudillos de la rebellion: Tupaj Amaru et Tomas Katari. Contrairement à Tupaj Amaru il vient de la masse indigène et est quasiment analphabète, ce qui n'empêche pas ce rebelle de la région de la Paz de faire preuve d'une ambition débordante. C'est d'ailleurs cette caractéristique qui le mènera à faire le siège de La Paz en mars 1781. Trahi, il tomba lui aussi entre les mains des espagnols et fut executé. Ecartelé, ses restes furent dispersés dans des directions opposées.
Et les femmes dans tout ça? Un nom, symbole pour tout le peuple bolivien, Bartolina Sisa, se détache de cette histoire. Bartolina était la femme de Tupaj Katari et ne se ménage pas dans la lutte indigène. Elle sera même un des meneurs actifs du second siège de la Paz. Elle finira torturée et écartelée sous les yeux de son compagnons à seulement 26 ans.
S'il ne fallait retenir qu'une phrase de toute cette terrible histoire, ce serait celle de Tupaj Katari juste avant son exécution:
“a mi solo me mataréis, pero mañana volveré y seré millones”.
"Demain je reviendrai et je serai des millions", en effet, non seulement ces révoltes marquèrent l'histoire du Pérou et de la Bolivie en ce qu'elles déstabilisèrent la Couronne espagnole et représentèrent les premiers élans indépendentistes; mais aujourd'hui encore le mouvement indigène -en particulier aymara- revendique cet héritage et l'assume totalement. Le réveil d'un peuple diront certains, des phrases qui font froid dans le dos diront d'autres... Voici un lien vers un journal qui pourra vous donner une bonne idée de cette idéologie de par son ton parfois extrémiste, toujours orienté:
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