J'ai participé aujourd'hui à un colloque -le premier de ma vie- à l'Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines et qui s'intitulait "Mémoires des Amériques". Ce colloque avait pour thème les récits de vie et les journaux intimes écrits en Amérique anglophone ou hispanique. Cette toute nouvelle expérience était très impressionnante, mais plutôt que de vous parler de moi, ce qui serait très narcissique, je vais vous parler des autres.
La journée commençait avec une conférence d'un professeur venu tout spécialement des Etats Unis. Cela devait être tout à fait passionnant, je ne peux pas vous dire, je n'ai absolument rien saisi: c'était en anglais! Bref... Les participants se sont ensuite répartis dans les différents ateliers. J'ai pour ma part écouté avec une plus grande attention les communications de madame Anne-Marie Brenot, latino américaniste reconnue, qui nous a offert un témoignage édifiant: celui d'un chasseur d'esclaves dans l'île de Cuba du XIXème siècle, et l'intervention de madame Germana de Sousa, brésilienne, qui racontait de manière captivante le récit de Carolina, une femme des favelas qui tenta, en écrivant son journal intime sur des dizaines de cahiers, de se faire une place dans la société brésilienne et de grimper dans l'échelle sociale par les Lettres. Etonament, son "étrange journal" mêle style lyrique et précieux emprunté aux grands de la littérature, et fautes d'orthographes résultant de seulement deux ans de scolarité.
L'après midi à été le moment crucial puisque j'ai présenté ma communication. En tant que perfectionniste diplômée, je l'avais réécrite 4 fois... mais en tant que personne spontanée, je n'ai même pas jeté un coup d'oeil sur mes feuilles: je préfère regarder les gens, communiquer avec eux, ne serait-ce que par le regard. Je reviendrai sur ce point. Mon intervention avait pour thème le témoignage de Domitila de Chungara, femme d'un mineur d'étain bolivien et dont j'ai déjà parlé dans ce blog. J'ai évoqué sa vie, les mines, le travail du mineur, ses croyances, et les combats de Domitila pour plus de justice.
Après moi, deux autres communications qui m'ont attiré l'attention. D'abord celle de madame Emmanuelle Rimbot qui nous a fait connaître les témoignages des exilés du Chili de Pinochet à travers les chansons de Angel et Isabel Parra, Patricio Manns, Quilapayun. Très instructif.
Enfin, l'exposé de madame Sandrine Revet sur le travail d'anthropologue qu'elle a effectué au Venezuela après les inondations de 1999 et qui consistait à reccueillir des témoignages de victimes ou de héros "anonymes" comme elle les a appelé. Son récit était très vivant et captivant.
Ce qui ressort de ce colloque, ce sont des préjugés qui se sont confirmés ou infirmés. Tout d'abord, j'étais très nerveuse et ne savait que faire de mon papier, le lire ou ne pas le lire. J'ai remarqué que la plupart des personnes présentes, bien que "rodées" pour cet exercice de style, étaient aussi angoissées que moi, ce qui ma foi est fort rassurant. Par ailleurs, je me suis trouvée interloquée, voir même choquée, que des gens au demeurant très instruits et connaissant par coeur leur sujet ne détachent pas une seule seconde le regard de leur texte, produisant ainsi un disours monotone, voir même totalement ennuyeux ou rendu difficilement accessible par une lecture qui avait parfois tout d'hésitante.
Par contre, et malgré la froideur de certains envers une modeste étudiante et professeur en collège -"c'est dégradant"-, même pas encore inscrite en thèse -"que fait-elle là parmi nous"-, j'ai tout de même pu partager des réflexions intéressantes avec des gens, eux, sans préjugés de hiérarchie, et entamer des discussions au ton presque amical, ce qui somme toute me rassure sur l'humanité d'un monde qui au demeurant me semblait plutôt froid.
Affaire à suivre...
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