vendredi 28 avril 2017

Road trip au coeur du Nord. Les hommes, des mineurs de fond.

Si j'avais cette envie incontrôlée et incontrôlable d'aller dans le Nord, c'était en partie pour aller goûter encore au monde souterrain, aux galeries obscures des mines et au récit édifiant des mineurs, ces travailleurs de l'ombre, ces forçats du minerai. Et de mines, la région en est truffée. Au sud de Lille, autour de Lens, les terrils sont encore présents, certains végétalisés, recyclés, d'autres écrasés, d'autres intacts et certains totalement disparus. De loin en loin, ces fausses montagnes noires ponctuent le paysage et rappellent sans cesse à l'œil ce passé industriel qui fut glorieux. Lorsqu'on s'approche, les chevalets, funestes tours Eiffel, se dressent devant nous comme pour nous dire "n'oublie jamais". L'oubli, c'est ce contre quoi on tente de lutter dans plusieurs sites miniers, notamment par l'organisation de visites, la création de musées. 
A Wallers Arenberg, le tournage du film Germinal a réveillé l'intérêt pour la mine. Bien que tardif, ce regain de considération pour nos mineurs a entraîné la rénovation du site pour aboutir à l'inauguration d'un pôle de l'image et du numérique inauguré en 2015 par Costa Gavras en personne. Aujourd'hui, on peut ici programmer des événements et même réaliser entièrement un film. Mais la fonction industrielle de Wallers n'est pas laissée de côté, puisque des visites guidées, souvent menées par un ancien mineur, y sont organisées. Et, chose inouïe pour qui est passionné du sujet (en l'occurrence moi !), la générosité extrême et la confiance accordée au visiteur par les responsables permet de déambuler librement dans les extérieurs. J'ai passé des moments incroyables à photographier chaque détail, à m'imprégner de l'atmosphère lourde mêlée de grandeur qui règne ici, tout en remerciant mentalement et oralement les gens qui permettent cet accès libre. 




Pour se frotter d'encore plus près à la dureté de la mine, le plus grand musée sur le sujet se trouve au centre minier de Lewarde, lui aussi fleuron de la production de charbon. A ce point du récit, je ne ferai plus que des compliments. De cet immense et exhaustif musée où se mêlent documents, objets, reconstitutions de maisons ou d'estaminet, explications. De ces guides passionnés et passionnants qui nous font visiter une galerie recréée coiffés de casques. De ce lieu imprégné de savoir, de maîtrise technique et de souffrance. De la possibilité qui renvoie au rêve de consulter sur rendez-vous des milliers d'archives. Et jamais assez je ne remercierai notre interlocuteur d'un moment, notre ancien mineur si généreux et si sympathique, puits de science, témoignage inestimable, qui pendant 30 minutes nous a raconté sa vie, sa mine à lui. "C'est comme ça, on n'a pas le choix, c'est la vie". Ponctuation souriante et modeste qui remet chaque chose à sa place. C'est malin, j'ai une folle envie de reprendre mes recherches... mais, les avais-je seulement abandonnées une seule seconde ? La mine, quand elle vous tient, elle ne vous lâche plus. 



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