« Viens voir la fresque coquine de Thonon ! »
C’est l’histoire d’une vie en puzzle.
C’est l’histoire d’un cœur qui se trimballe ses victoires et
ses défaites de port en port.
C’est l’histoire de l’ancrage d’une barque qui aurait pu
couler mille fois, bernée plus que bercée par le chant des sirènes. Le SOS
érigé en loi. Parfois, il fut grand temps ; souvent, il lui sembla qu’il
était tard. Voix en désaccord, quand on ne s’entend plus à cause du vacarme que
font les âmes en peine qui s’entrechoquent sur les côtes. Peu de fois elle a ri
à se les tordre, trop brisée comme une lame, une larme qui s’écrase pendant la
tempête.
Des tempêtes, il y en a, sur le lac. Mais elle n’en a plus
peur. A force de regarder le fauve dans les yeux, on finit par s’habituer à ses
crocs. Elle accepte ses rencards et s’y rend sans peurs et – par pitié ! -
sans reproches. Le funiculaire de malheur l’a descendue en flèche bien des
fois, et elle a remonté la pente à pied, toujours, comme Sisyphe avec sa pierre
sur le dos.
C’est l’histoire d’une vie en puzzle.
C’est l’histoire d’un cœur patchwork de cuir et de soie, de
gris et de rouge, de pleurs et d’amour, cousu du fil de l’insubmersible espoir.
Sisyphe a envoyé sa pierre se faire voir au fond du Léman.
Et, plus légère, guérie par toute cette beauté, elle regarde
d’un œil amusé la fresque coquine de Thonon.
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