jeudi 6 juillet 2017

Bienvenue à Marly Gomont

L'histoire d'une famille noire qui s'installe en Picardie. Le scénario idéal pour un navet. Sauf que ce film, c'est l'anti "Bienvenue chez les ch'tis". L'anti comique lourd, l'anti cliché, l'anti couru d'avance. D'abord parce que c'est une histoire vraie : celle du rappeur Kamini et l'arrivée de ses parents à Marly Gomont. Ensuite parce qu'elle est racontée avec poésie, juste ce qu'il faut de rire et beaucoup de tendresse. Nous sommes en 1975. Un bled paumé du nord de Paris cherche désespérément un médecin. Monsieur Zantoko vient d'obtenir son diplôme en France : ils sont faits pour se rencontrer. Sauf que contrairement à ce que madame Zantoko a compris, Marly Gomont, c'est loin d'être Paris. Il pleut tout le temps. Il n'y a strictement rien aux alentours et les habitants... n'ont jamais vu de noirs. Ce qu'on n'a pas dit, c'est que les époux et leurs deux enfants -dont Kamini- viennent tout droit de Kinshasa. De la ville, quoi. Et c'est là que le scénario (ou bien est-ce la réalité qui dépasse la fiction ?) est très fort, parce que les bouseux, les sauvages, les arriérés, dans l'affaire, ce sont les autochtones, les Picards avec leur esprit étriqué par l'ignorance. Au contraire, les nouveaux arrivant africains sont distingués, éduqués, cultivés. Les idées préconçues prisent à contre-pied. Il va falloir bien des tentatives d'approche, bien des jours vides de patients dans la salle d'attente du nouveau médecin, bien des barrières à faire tomber et des obstacles à surmonter avant que la rencontre ne se fasse réellement entre les habitants du village et leurs hôtes africains. Ce qu'on aime, ce qu'on adore, ce sont ces images aux couleurs passées comme des photos de l'époque, cette finesse à l'heure d'aborder ce qui est aurait pu être un gros pavé lancé dans la mare, ce traitement attendri des personnages qui nous renvoie aux excellents films de Ken Loach. Je pourrais encore et encore parler de ce film qui me trotte dans la tête depuis hier soir. Comme une envie de le revoir. Parce que ça fait du bien.
Deux choses à regarder en boucle. La bande annonce :


Le clip de l'excellent Kamini :

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