mardi 17 janvier 2017

Au jardin du Luxembourg et alentours

Cela faisait longtemps que je n'avais pas mis les pieds dans le quartier. La station Odéon, les librairies, les universités, les marches de la Sorbonne et la rue des Écoles, le musée de Cluny, la rue monsieur le Prince et la librairie Hispano Américaine, le petit cinéma de la Clef, la mosquée... allez, je m'éloigne. J'ai bien souvent arpenté les rues de ce Paris lettré, de ce Paris intello guindé, historico bobo, ce Paris qui se la pète et qui tourne ostensiblement le dos aux quartiers populaires, comme une bulle de propreté et d'élégance au-milieu de la plèbe dégueulasse. On est loin des puces de la porte de Montreuil, loin des immeubles en briques rouges des boulevards de l'est, loin des maisons en carton au bord du Périph. Ici, tout n'est que plaisir de l'œil et délicate nourriture pour l'esprit. 


A l'ouest du quartier, à quelques pas du théâtre de l'Odéon, le jardin du Luxembourg serait le comble du raffinement. Écrin de verdure parfaitement entretenu, le grand parc aux allées impeccables se targue d'être entouré, de près ou de loin, par des sommets de l'architecture. La Tour Montparnasse assistée de la Tour Eiffel font face au Panthéon, qui lui-même adresse un clin d'œil entendu au palais du Luxembourg et au Sénat. 


A l'extérieur, si l'on se prend à faire le tour du jardin, nos pas rencontrent l'Alliance française, le lycée Montaigne, une flopée d'universités, les Mines de Paris, l'ENA avec ses portes arabisantes et l'étonnant bâtiment de l'Institut d'Art et d'Archéologie. On a beau se sentir tout petit et un peu benêt devant cet étalage de savoir, il flotte dans le quartier un air de richesse intellectuelle qui donne une faim de loup aux esprits curieux. 


Et puis, tout au bout du jardin des Explorateurs, derrière l'Observatoire, il y a la Closerie des Lilas, le fief de Renaud et on se dit que, finalement, tout a un lien, même si la plupart sont trop prétentieux pour l'admettre. Bref. Retour au jardin. Il s'y passe quand même des choses étranges. Des retraités qui jouent au tennis avec des petits jeunes. Des enfants en tenue de sport coachés avec vigueur par un entraîneur bien décidé à leur faire oublier le froid. Un groupe de trois personnes qui semblent faire du tai-chi. Un monsieur barbu et chevelu qui dessine pendant que d'autres jouent aux échecs. Des joggeurs de toutes sortes et de tous styles. Des mouettes rieuses à l'idée de faire des glissades dans les flaques d'eau gelées. Des chaises vides qui regardent les promeneurs. Des statues qui se les pèlent à côté des policiers en faction qui n'ont pas plus chaud qu'elles. Etc, etc. Un assemblage hétéroclite de gens plantés dans ce jardin, des extraits de parisiens de tous bords réunis ici pour la beauté du lieu, des touristes et des titis, des Louboutin et des Adidas qui foulent les mêmes pavés. Et Paris tout autour, Paris qui bat la mesure...


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