Aaahh, l'Andalousie, ses plages, son soleil, ses couleurs... C'est l'image qu'on a spontanément de cette région du sud de l'Espagne. Mais, l'Andalousie est-elle vraiment une région attractive ? Quand je pose cette question à mes élèves, ils n'ont en tête qu'un ou deux clichés et des idées préconçues sur la région. Ils se disent c'est au sud, pas loin de l'Afrique, qu'il doit faire bon là-bas, climat favorable, ils n'ont pas tout à fait tort. Alors, lorsque je leur présente une carte qui fait apparaître les montagnes de la Sierra Nevada, lorsqu'ils découvrent les neiges éternelles comme du coton sur lesquelles on peut faire du ski, c'est déjà un premier étonnement !
Ensuite, vient le moment que je préfère : celui où on fait une plongée dans le passé d'Al Andalus, dans l'histoire multiculturelle de l'Andalousie. Le moment où on évoque les trois religions, la coexistence pacifique, la tolérance et la sublime architecture musulmane qui avait fait de l'Andalousie le centre du monde. La mosquée cathédrale de Cordoue, l'Alhambra de Grenade, la Giralda de Séville, ça les laisse sans voix, les petits ! Ces monuments témoignent d'une époque où les bâtisseurs rivalisaient de prouesses et de talent pour élever des édifices somptueux.
L'Andalousie, le flamenco, le patrimoine, les paysages... tout pour affirmer qu'il s'agit d'une région hautement attractive. Pourtant, il existe de sacrés bémols. C'est là que je leur sors des articles de journaux et le masque tombe. Andalousie, région la plus pauvre d'Espagne, gravement frappée par la misère et le chômage, empêtrée dans ses problèmes relationnels avec les gitans et débordée, parfois hostile, face à l'arrivée massive d'immigrants. L'Andalousie et ses gens qui dorment dehors, ses plages qui n'accueillent pas que des touristes mais également des "pateras" chargées d'Africains affamés et épuisés, ses gitans comme des épines dans ses pieds de dame qui veut se la jouer sans failles et sans reproches. Soudain, l'Andalousie n'est plus si paradisiaque que cela...
Heureusement, certains y croient encore, à la tolérance, au partage et à l'entraide. Je lance la réflexion sur le "tourisme responsable", illustrée par un article qui parle d'une initiative solidaire : celle de touristes qui, pendant leur séjour, œuvrent à nettoyer la plage de ses déchets. Là où je comprends que tout n'est pas perdu et qu'en plus j'ai réussi à faire aimer cette région à mes élèves, c'est quand ils me proposent une liste de projets passionnants : un festival de flamenco dans les quartiers gitans et une initiation à la danse pour les touristes ; une journée solidaire au-milieu des vacances pour se rapprocher des plus pauvres ; des moments bénévoles entre deux journées de plage et de bronzette pour venir en aide aux migrants qui accostent. Depuis ma salle de classe au fin fond de la campagne française, il émane un élan optimiste dont je suis fière. Tous n'iront pas nettoyer les plages. Je sais bien que certains plaignent plus les pauvres touristes dérangés par les migrants que les chômeurs qui dorment dehors. Mais j'ai semé une graine, et je sais que dans l'esprit de certains elle germera.
2 commentaires:
Un article honnête, inattendu et passionnant. J'aime beaucoup ta plume. Bravo et merci
merci beaucoup !
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