Céline Alvarez, Les lois naturelles de l'enfant, 2016.
Enseignants, parents, éducateurs ou simples curieux, ruez-vous sur ce livre ! Ce n'est pas un livre comme les autres, c'est une révélation. A partir de cette lecture, plus rien ne sera comme avant, vous ne regarderez plus jamais l'éducation de la même façon. Je ne dis pas ça pour faire vendre ou parce que le personnage de Céline Alvarez m'est sympathique, je le dis parce que ce qu'elle écrit vient de révolutionner mon petit cerveau en ébullition. Je pressentais déjà tellement de choses, sur lesquelles elle vient de mettre des mots en affirmant que c'était possible. Une autre pédagogie, à contre-courant du dirigisme qui règne dans nos écoles et qui contraint nos enfants à subir l'apprentissage plutôt qu'à en être les acteurs. Céline Alvarez nous enseigne l'infini pouvoir du cerveau humain, et ce depuis sa naissance, ainsi que les possibilités gigantesques dont celui-ci est capable. Ensuite, c'est l'entrée à l'école maternelle et tout s'écroule. La spontanéité des apprentissages devient contrainte, la découverte autonome devient contrôle par l'adulte et les capacités de l'enfant se voient brimées, réduites, annihilées. C'est là que nous avons tout faux.
Pendant trois ans, dans une école maternelle d'un quartier difficile de Gennevilliers, Céline Alvarez, contre vents et marées et malgré les obstacles que lui offre l'institution en guise d'encouragements, se lance dans une expérimentation qui va changer la face de l'éducation et de la pédagogie. Forte des théories du docteur italien Maria Montessori, Céline rassemble trois niveaux d'âge dans une même classe et, par la bienveillance, l'amour et la patience, réussit le tour de force de guider 27 enfants vers l'autonomie de l'apprentissage. Les débuts sont difficiles, surtout pour les petits qui ont déjà été déformés par une année d'école téléguidée par les désirs de l'adulte enseignant, mais à force de persévérance, elle obtient des résultats étonnants. Grâce à un matériel pédagogique simplissime, à des activités variées mais concrètes dont chaque enfant a le choix, à une aide personnalisée de chacun et au développement de l'autonomie des autres élèves, Céline Alvarez réussit à développer des capacités et des connaissances pointues chez ses petits apprenants. Une relation de confiance s'établit entre elle et eux. Ils forment un groupe dans lequel chacun est à l'écoute de l'autre, aidant, dans une relation horizontale où l'adulte n'est pas le maître qui soumet, mais plutôt un guide, un vecteur d'encouragement. Plusieurs chapitres expliquent précisément les méthodes employées et, quand on y pense, on se demande comment on n'y a pas pensé plus tôt tellement elles sont évidentes.
Quelques exemples plus précis :
- aucune tablette, aucun ordinateur ne remplacera jamais la bienveillance de l'adulte et l'attention particulière qu'il porte à l'enfant
- le contact avec la nature, grimper dans les arbres, s'absorber dans la contemplation de la faune et de la flore valent mille fois les exercices de motricité et autres leçons abstraites sur le monde
- il s'agit de développer l'individualisation des apprentissages, non pas pour amener tous les enfants en même temps vers un même savoir, mais pour respecter ce qui motive leur intérêt et qui est un merveilleux élan pour apprendre
- une fois l'enfant lancé dans une activité qui lui plaît, l'adulte doit s'effacer et se mettre en retrait, car il n'y a rien de plus efficace que de laisser l'enfant faire ses propres expériences et développer son autonomie dans les apprentissages
- aucun jugement de valeur, aucune évaluation ne doit transparaître, simplement des encouragements et un guidage empathique de l'adulte permettent à l'enfant de se structurer et de développer ses capacités
Les conclusions :
Il ne s'agit pas du tout de transformer nos classes en self services ou chaque enfant aurait le droit de faire ce qu'il veut, tout et n'importe quoi dans un désordre de colonie de vacances. Il s'agit de prévoir de multiples activités qui puissent convenir à chacun, pour que chaque enfant y trouve son compte et se fixe lui-même un ou des objectifs à atteindre. Il s'agit ensuite de s'effacer et de simplement le guider et l'encourager dans ce qu'il a entrepris.
La révélation :
La révélation, c'est que dans la classe de Céline Alvarez a régné pendant trois ans un calme étonnant. Les enfants, ravis de faire leurs propres expériences et d'être acteurs de leur apprentissage, ont également développé leur autonomie et leur patience, ont appris à laisser la place à l'autre et à s'entraider, à s'exprimer correctement et calmement, à développer un respect et une empathie qui laissent sans voix. Au terme de cette expérimentation, ils avaient atteint un niveau de connaissances bien supérieur à celui de leur classe d'âge, ce qui prouve bien, mais des preuves sont-elles encore nécessaires ?, que les résultats parlent d'eux-mêmes. Céline Alvarez a maintenant démissionné de l'Éducation Nationale, la grosse machine ne l'ayant pas véritablement soutenue. Mais c'est par d'autres voies, par des conférences et par ce livre génial qu'elle nous transmet son savoir et son amour.
Quelques idées :
Évidemment, les idées qui germaient déjà en moi ont trouvé là un engrais révolutionnaire ! Les nouvelles directives nous demandent dans le cadre de nos cours de langues de trouver une problématique, de prévoir des tâches sur chaque document, de cadrer en fait un maximum. Cela m'ennuie parfois mais je n'ai pas le choix. Tout n'est pas négatif dans ces nouvelles méthodes parce qu'elles facilitent aussi le travail de groupe et insistent sur le fait qu'il faut "différencier". Parfait, soit. Je vais m'en servir de base et y introduire peu à peu ce que j'ai toujours senti sans le formuler. Il y a par exemple belle lurette que les tables de ma classe ne sont plus alignées mais forment des ilots. Sur chaque ilot, on peut par exemple proposer une activité ou un document différent, faire tourner les élèves, les laisser choisir ce qui les intéresse le plus. Pourquoi ne pas installer un coin bibliothèque avec des livres en espagnol pour ceux qui ont fini et se lassent d'attendre les autres ? Ou encore aller plus loin : une séance de relaxation, un cours en plein air, une balade dans la nature, une expo, une recette de cuisine, un cours de danse, tout ça dans la langue qu'on leur enseigne ? Alors oui, on n'est plus sur du "document authentique et culturel" comme les directives nous demandent de le faire exclusivement. C'est vrai. Mais, comme le soutient Céline Alvarez et je la suis à 100%, une langue ne s'enseigne pas à coups de textes et de grammaire, elle s'apprend avant tout en immersion. J'ai des milliers d'idées qui fourmillent dans ma tête !
Pour aller plus loin :
Céline Alvarez n'invente pas une méthode. Elle nous donne des pistes. Elle ne dogmatise pas. Elle nous encourage et nous montre la voie. A nous, ensuite, d'être inspirés et d'inventer de nouvelles manières d'enseigner.
Son site internet
Le blog de sa classe de Gennevilliers
Une petite vidéo parmi tant d'autres:
Quelques idées :
Évidemment, les idées qui germaient déjà en moi ont trouvé là un engrais révolutionnaire ! Les nouvelles directives nous demandent dans le cadre de nos cours de langues de trouver une problématique, de prévoir des tâches sur chaque document, de cadrer en fait un maximum. Cela m'ennuie parfois mais je n'ai pas le choix. Tout n'est pas négatif dans ces nouvelles méthodes parce qu'elles facilitent aussi le travail de groupe et insistent sur le fait qu'il faut "différencier". Parfait, soit. Je vais m'en servir de base et y introduire peu à peu ce que j'ai toujours senti sans le formuler. Il y a par exemple belle lurette que les tables de ma classe ne sont plus alignées mais forment des ilots. Sur chaque ilot, on peut par exemple proposer une activité ou un document différent, faire tourner les élèves, les laisser choisir ce qui les intéresse le plus. Pourquoi ne pas installer un coin bibliothèque avec des livres en espagnol pour ceux qui ont fini et se lassent d'attendre les autres ? Ou encore aller plus loin : une séance de relaxation, un cours en plein air, une balade dans la nature, une expo, une recette de cuisine, un cours de danse, tout ça dans la langue qu'on leur enseigne ? Alors oui, on n'est plus sur du "document authentique et culturel" comme les directives nous demandent de le faire exclusivement. C'est vrai. Mais, comme le soutient Céline Alvarez et je la suis à 100%, une langue ne s'enseigne pas à coups de textes et de grammaire, elle s'apprend avant tout en immersion. J'ai des milliers d'idées qui fourmillent dans ma tête !
Pour aller plus loin :
Céline Alvarez n'invente pas une méthode. Elle nous donne des pistes. Elle ne dogmatise pas. Elle nous encourage et nous montre la voie. A nous, ensuite, d'être inspirés et d'inventer de nouvelles manières d'enseigner.
Son site internet
Le blog de sa classe de Gennevilliers
Une petite vidéo parmi tant d'autres:
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