Depuis un agenda rempli de superbes photos d'Hans Silvester que j'avais reçu adolescente (déjà amoureuse de la Grèce, même si ce n'était que par procuration), j'associais la terre hellénique au bleu, à l'ocre et aux chats, aux clochers arrondis, aux marches blanches des îles de la mer Egée et aux félins qui déambulent dans les ruelles écrasées de soleil. Oui, il y a beaucoup de chats en Grèce et, outre le côté folklorique, cela peut être un problème pour ces petites bêtes. Trop nombreuses, les bestioles, mises à la rue par des maîtres peu scrupuleux, rejetés à l'état d'animaux sauvages et abandonnés à leur triste sort. Affamés, nourris par de trop rares passants compatissants ou sauvés d'une mort certaine par des associations qui mériteraient un prix Nobel. Les chats errent plus qu'ils ne se baladent, font plus pitié qu'envie. Fini le matou couvé par une maîtresse aimante. Athènes est devenue le royaume du chat-clochard, qui se reproduit comme on reproduit un schéma familial désolant. Pas de stérilisation, parce que, dans la rue, la contraception n'est pas de mise. Alors, les félins pullulent et se meurent. Même concept dans les îles, où les pauvres bêtes affamées et en manque de tendresse viennent pleurer à vos pieds, implorant un peu de votre repas. Vous, le touriste innocent, vous vous penchez pour parler à celui-là, aux yeux d'un vert si envoûtant ; vous approchez doucement votre main du museau humide de celui-ci, au pelage roux si séduisant... et vous vous retrouvez harcelé de miaulements qui déchirent autant le cœur que les tympans ! Que n'avez-vous pas mesuré avant les conséquences de votre acte ! Alors, par la suite, quand vous croisez un minou dans une rue, vous souriez simplement et ne manquez pas de garder vos distances. Tout en félicitant mentalement les personnes bienveillantes qui se préoccupent de l'avenir de ces bêtes si (trop) attachantes...
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