Il me regardait, là, sur les étagères, parmi toute la littérature sur le pèlerinage que l'on pouvait trouver dans cette librairie-magasin de souvenirs de Vézelay. J'avais décidé de ne pas sortir un centime de ma poche pour l'envoyer valser dans la tirelire de ces attrape-nigauds pour touristes. J'ai fait le tour des remparts, me suis frottée au silence de la chapelle en me promettant d'essayer de reproduire le phénomène en moi-même. Un jour. Quand j'aurais le temps. Je suis entrée dans la basilique. Rien à signaler. Que du bruit. J'ai fait le tour du village, les rues piétonnes, les ruelles, les jardins et les terrasses. J'ai cherché partout la trace des hurluberlus en sac-à-dos et croquenots qui marchent jusqu'à Saint Jacques. Personne. Tu me diras, en novembre, il fallait s'y attendre. Un cappuccino hors de prix plus tard, je sors de son enveloppe en papier le petit livre que je suis retournée libérer de sa poussière et de sa solitude. Je n'attendais rien du contenu - j'ai bien fait -, mais c'est l'objet qui m'a séduite. Cette sorte de carnet intime qui ferme avec un élastique rouge - j'adore les carnets -, ce bouquin à la taille d'un livre de messe. Quelque chose comme un recueil de secrets. En accordéon. Le coup du livre-accordéon, on ne me l'avait encore jamais fait. Au recto, des dessins du chemin, du Puy en Velay jusqu'à l'océan Atlantique galicien ; au verso, des explications pour chacun des sites traversés. Par renversantes, les explications. C'est entre le guide du Routard quand Jean-Sébastien Petitdemange vous vante les mérites d'une bonne auberge qui sert un foie gras roboratif et mon blog quand je vous délivre vite fait bien fait trois ou quatre détails sur une collégiale limousine. Le fond n'est pas transcendant. Pour un récit de pèlerinage, c'est ballot. Le style, par contre, est excellent. L'auteur a le sens de la formule et a la capacité, en bon dessinateur qu'il est, de croquer en quelques mots précis la réalité qui l'entoure. L'efficacité, j'aime. Alors, qu'il nous arnaque en nous avouant, à la fin, qu'il n'a pas marché jusqu'au bout de la route, que donc, il n'a pas droit à son diplôme de bon pèlerin, ça nous déçoit, forcément, ça le rend beaucoup moins crédible. N'empêche, ce petit carnet-là m'avait tapé dans l'oeil - aïe - et a fini dans ma poche, comme si un aimant l'y avait attiré.
Je viens d'aller jeter l'oeil qui me reste sur son site internet : bim, en plein de mille aussi. Je n'ai donc plus d'yeux que pour lui.
http://lemardele.com/
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