Sur le papier, Saint Germain de Confolens se trouve en Charente. Mais nous venons à peine de passer la "frontière" et toutes les informations touristiques nomment la région en tant que "Charente Limousine". J'opère un petit raccourci et, chauvinement, je vous classe ça dans la rubrique "Limousin". Les habitants sont si peu nombreux (moins de 100, d'après mes recherches), qu'ils ne nous en voudront pas de les associer à l'une des plus belles régions de France, j'ai nommé : le Limousin. Rochechouart n'est pas loin. Des noms comme de Rochechouart ou de Mortemart apparaissent dans l'histoire du château, qui est frôlé par la route Richard Coeur de Lion. Alors, le découpage administratif, je veux bien, mais il n'est pas toujours très logique.
Une fois que le décor est planté, partons pour une randonnée autour du village et grimpons (rudement, mais sûrement) vers les ruines. Si vous avez des enfants, c'est ici qu'ils faut les emmener s'ébattre un jour de grand ennui. Pas de pancartes touristiques, pas de barrières, pas de visiteurs, juste des murs énormes, des meurtrières pour guetter l'ennemi, des fenêtres pour jouer à la princesse qui attend son prince dans sa tour. Ils peuvent courir d'un bout à l'autre de ce qui reste des fortifications et se prendre à rêver d'un grand feu dans l'antique cheminée. Je me dis que les anciens du village ont dû passer des heures à jouer dans ce cadre merveilleux pour des enfants.
Nous sortons du château et, avant de la contourner pour descendre vers la rivière, nous entrons dans l'église en croix byzantine qui me rappelle celles de Grèce. L'ancienne chapelle castrale est claire et mystérieuse à la fois. Autour de ses murs épais logent des morts bien chanceux de reposer dans un cimetière si tranquille et avec une vue imprenable sur la vallée de l'Issoire. La rivière donc, que nous longeons en bas, après avoir vu les chutes d'eau du barrage qu'elle alimente.
Avant de visiter les ruelles du village, nous remontons jusqu'au site de Bellevue, depuis lequel nous voyons la Vienne dévoiler ses courbes entre les arbres roux de l'automne. Il faudrait voir cela d'encore plus haut, comme les grues, pour admirer la totalité de la rivière et de ses méandres à travers la région. Le village, lui, traversé par un vieux pont, semble un peu à l'abandon. Quel dommage. Malgré le nombre saisissant de résidents anglais, il ne parvient pas à retrouver l'animation qu'il a dû connaître dans ses jeunes années. On a beau dire, on a beau critiquer les British de venir s'établir chez nous, faire monter les prix de l'immobilier et autres plaies, n'empêche que, souvent, s'ils n'étaient pas là, il n'y aurait personne pour rénover les maisons en ruines et pour rouvrir les commerces agonisants de nos villages. Je fais du Jean-Pierre Pernaut, ça fait beauf ? Il n'a pas toujours tort. Vous savez ce que c'est, vous, que de traverser chaque jour des villages morts, que de voir que nos belles campagnes se désertifient ? Vous savez ce qu'est le désarroi de jeunes dont les parents sont au chômage et qui, tout en reconnaissant avec une nostalgie anticipée s'y sentir bien, ne rêvent que d'une chose : fuir leur monde rural en perdition ?
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