A quelques kilomètres au sud de Bourges, au-milieu des champs de céréales, le village de Plaimpied-Givaudins recèle un trésor qui ne se découvre qu'après avoir emprunté la petite route qui y mène. C'est au détour d'un virage que l'on voit apparaître, comme sur un promontoire, un joyau de l'art roman : l'abbatiale de Plaimpied. La visite est gratuite et peut se faire seul ou avec un guide. Deux choix, deux façons différentes d'appréhender le monument. J'opte pour la première option, trop heureuse de pouvoir déambuler à ma guise entre les colonnes. La hauteur sous plafond de la nef est impressionnante et influencée par l'architecture clunisienne. Bâtie au XIème siècle par des chanoines pauvres désireux de fonder une communauté basée sur l'humilité et l'enseignement, l'abbatiale recèle des bijoux. Pour cela, il suffit de lever la tête et d'observer les chapiteaux des colonnes.
Certains empruntent leur modèle aux vestiges gallo-romains que l'on trouvait en grand nombre dans la région. D'autres comportent des symboles typiques du Moyen-Age : des gargouilles monstrueuses, des scènes bibliques ou antiques, et même une représentation de la fée Mélusine. Cette visite des hauteurs mérite bien un torticolis, car il s'agit d'un véritable voyage à travers le temps et les croyances moyenâgeuses.
En poussant la petite grille qui mène à la crypte, j'ai le coeur qui bat car je sais, justement, que je me rends dans le coeur même du bâtiment. La présence de cryptes dans les édifices religieux est très rare dans le Berry, surtout dans un recoin aussi isolé de la campagne. C'est l'une des raisons pour lesquelles je n'aurais manqué pour rien au monde cette visite en sous-sol. La seconde raison, c'est ma visite de la crypte de la basilique d'Aime, en Savoie, qui m'avait laissé un souvenir impérissable. Ce genre de micros espaces dédiés au culte catholique nous plongent dans un silence qui n'a rien d'effrayant. Au contraire, on s'y sent comme dans un cocon, à l'abri du monde et, de manière très paradoxale, en totale connexion avec lui. Se couper de l'univers pour le ressentir plus fort.
A Plaimpied, la crypte pose encore des interrogations, notamment au sujet de ces deux couloirs dont on ne sait pas où ils mènent. Ce qui la caractérise et qui coupe le souffle, ce sont les plafonds peints, au détour desquels on peut se trouver face à un visage de moine dessiné sur la pierre.
En sortant du monument et pour ne pas le quitter trop subitement, je fais le tour de l'abbatiale et me retrouve dans ce qui devaient être le cloître et les habitations des chanoines. Le côté sud de la façade est soutenu par des arcs-boutants impressionnants, datant du XVIème siècle, mais la plus grande beauté se trouve encore sur la partie la plus ancienne, qui date du XIème siècle. L'extérieur du choeur est en effet un chef-d'oeuvre de colonnes qui rivalisent d'élégance et de variété. On y voit aussi des figures, des animaux. Tout dans l'abbatiale, dehors ou dedans, est bavard. Nous sommes loin des façades muettes de nos horribles immeubles contemporains !
Richissime, donc, que cette visite dans un village qui se trouve au bord de mon chemin quotidien. L'abbatiale mérite que l'on sorte de la nationale et que l'on face un petit détour pour aller se perdre dans l'univers du Moyen Age.
1 commentaire:
Merci beaucoup pour ce bel article sur l'abbatiale de Plaimpied, il est plein de fraicheur et bien dans l'esprit du lieu.
A votre prochaine visite, demandez le guide, vous lui montrerez les gargouilles monstrueuses, il ne les a jamais vu !!
Bien cordialement
Bernard
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