La ville d'Egine est charmante comme une carte postale : les ruelles blanches, les maisons ocre desquelles pendent de lourdes bougainvillées. Je m'éloigne des rues touristiques. Les boutiques de souvenirs sont sans intérêt. A noter tout de même : quelques échoppes de créateurs de bijoux et de vêtements originaux à explorer.
Le monastère d'Aghios Nektarios est bien trop loin pour y grimper à pied : deux heures de montée, selon une charmante grand-mère qui m'offre un grand sourire et des yeux mi-effrayés, mi-moqueurs quand je lui demande si je peux m'y rendre en marchant. "Va louer une moto au port !", me mime-t-elle. Je préfère continuer à me perdre dans les ruelles...
Les figuiers de barbarie lancent leurs oreilles vers le ciel et leurs racines débordent de chaque côté des murs. Les cactus, les oliviers et autres lauriers s'épanouissent. C'est le printemps et le soleil est déjà cruel pour les peaux non averties. Mais, de l'extérieur de la ville, la vue sur la mer est merveilleuse. On s'imaginerait bien y acheter une maisonnette aux volets bleus. Quant à la toile de fond, les montagnes sont si tentantes (le point culminant de la petite île s'élève à quelques 500 mètres, ce qui est déjà considérable pour un si mince bout de terre) qu'une semaine serait tout juste suffisante pour aller les explorer. Je pensais Egine riquiqui, elle est immense.
De retour vers le port, l'église m'ouvre ses portes. Les églises orthodoxes sont tout l'opposé de nos austères temples romans. Ici, la religiosité devient ferveur, fièvre (telle cette jeune femme dans le train à Athènes, les écouteurs dans les oreilles, l'i-phone entre ses mains manucurées, qui se signe consciencieusement, dans un murmure, en passant devant l'église San Felipe). Le culte se noie dans les vapeurs d'encens. Les icônes et les lustres sont autant de critères indispensables à la liturgie. Si l'on recherche le dépouillement, le recueillement dans le dénuement, mieux vaut se tourner vers d'autres lieux. Ici, même dans le silence, les murs sont si bavards, si tapageurs, qu'il est difficile de faire le vide dans sa tête...
L'orage menace maintenant. Il pleut, les vagues commencent à claquer sur la jetée et on se demande si l'on va pouvoir reprendre la mer et rentrer au port. Le déjeuner sur la plage se transforme en retranchement dans la petite salle d'un restaurant de poisson. On se dit que les îles grecques semblent idylliques, mais que l'hiver doit y être rude, froid. Une saison durant laquelle les petits paradis de carte postale doivent se transformer en terres inhospitalières. Sans doute la meilleure période pour les rencontrer vraiment. Au-milieu des tempêtes. En tête à tête avec la mer.
Je termine la journée par une balade sur le port. Je jouis de n'avoir rien d'autre à faire que de lire le nom de tous les bateaux, un par un. L'éternité, le goût persistant du tzatziki et de la liberté dans la bouche. Le bonheur, tout simplement. Je plonge mes sens dans la mer Egée. Il ferait bon rester ici. Il ferait bon écrire ici. Egine est une perle. Que doit alors être Santorin ?...
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