Il fait chaud, très chaud. Le Dieu soleil est au zénith et
écrase les pauvres hères échappés d’un centre touristique. Les gens d’ici
travaillent, mais ils ne sont pas du même sang. Ils portent en eux la
robustesse de leurs montagnes. Ce sont des rocs. L’homme et la femme manient la
fourche et le râteau, traînent le foin sans jamais lever les yeux vers le ciel
bleu marine. Plus tard, le tracteur passe et repasse dans le pré pour avaler le
foin et pondre d’énormes bottes, que l’homme arrête comme il peut pour qu’elles
ne dévalent pas la pente.
Bande sonore : les milliards de grillons qui font
crisser leurs ailes, symphonie entêtante qui croît proportionnellement à la
chaleur. Les papillons volettent par centaines, multicolores, se posent sur les
fleurs, butinent, s’envolent à nouveau. C’est un enchantement.
Soudain, est-ce un mirage, une hallucination – insolation,
une vieille femme s’approche. J’ai perdu mon mari, et mon frère, le tracteur,
la petite fille, elle s’appelle Morgane ? Non, elle ne s’appelle pas
Morgane. Le regard est affolé sous la tignasse cendrée mal peignée. Elle
s’éloigne. La ferme est juste là, les vieux rentrent le bois avec la remorque.
Rien ne semble avoir changé depuis des années, toujours le même rituel. Et la
vieille, dans le jardin, qui regarde, perdue.
Zoom arrière, prise de vue tournoyante sur les sommets de
Valmorel. Paysage immobile. Canicule. Drôle d’histoire, en vérité.
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