Oh, la pauvre petite fille riche qui vient pleurer à la télévision et dans les journaux, en racontant son horrible vie de bimbo dépassée par la maternité....
Eh bien non ! Je proteste ! D'accord, elle est riche ; d'accord, elle est célèbre. Mais pourquoi n'aurait-elle pas, elle aussi, le droit de faire un baby blues, de souffrir de dépression ? Je vous rappelle au passage la phrase la plus entendue après un suicide, que la personne soit connue ou anonyme : "C'est incompréhensible. Il (elle) avait tout pour être heureux(se)". En toute circonstance, donc, ne pas se fier aux apparences.
Alessandra Sublet, la pétillante présentatrice de l'émission "C'est à vous", sur France 5, sort donc un livre intitulé "T'as le blues, baby ?" qui, comme son nom l'indique, est le témoignage de la mauvaise période qu'a vécu la charmante animatrice dans les semaines et les mois qui ont suivi la naissance de sa fille.
Ce qui est intéressant, ce n'est pas tant le contenu du livre, qui ne révolutionnera sans doute pas la littérature, mais le fait de libérer la parole. Que la démarche émane d'une "people" ne fait que rajouter à la visibilité du message. Alessandra Sublet, en jetant spontanément un pavé dans la mare, va à contre courant de toutes ces stars qui s'affichent dès le lendemain de l'accouchement avec leur rejeton, large sourire et l'illusion qu'elles ont enfin atteint la plénitude. Au contraire, elle casse le mythe et avoue sans honte que non, la maternité n'est pas un long fleuve tranquille et béat. Comment ? L'accouchement ne serait donc pas le plus beau jour de la vie d'une femme ? L'instinct maternel ne serait pas inné ? Il serait donc possible d'être mère et de ne pas être heureuse ? Pour la plupart des gens, et même pour beaucoup de femmes qui sont dans le déni ou qui n'ont pas ressenti de grand chamboulement, c'est impossible. Plus encore : c'est une faiblesse, une indignité, une honte. Alors, les femmes atteintes d'un syndrome de dépression post-partum font de l'auto-négation du problème, parce qu'elles sont seules, parce qu'il y a une énorme pression sociale et familiale qui fait grandir la culpabilité et la honte de ne pas être illico presto à la hauteur. Dans les cas les plus extrêmes de délaissement et d'auto-dévalorisation, on arrive à une perte de contrôle des situations et des émotions, donc à des bébés secoués. Encore une fois, le sujet est souvent traité de manière méprisante et accusatrice par les médias et la population bien pensante : mères indignes. Mais qui sont la plupart de ces femmes, sinon des mères en détresse ?
Pour conclure, il faut donc insister sur l'importance de la libération de la parole, pour qu'enfin le tabou se lève : la maternité est un bouleversement, qui est plus ou moins bien vécu par les femmes. On n'est pas mère d'instinct mais on le devient. Et nous pouvons même rétorquer à celles et ceux qui s'insurgent encore de tant de difficultés de la part de certaines face à l'apprentissage de ce rôle, face à cette responsabilité de vie et de mort sur un petit être tout neuf : pourquoi nous mettre tant de pression, quand nous avons toute une vie pour faire ce chemin ?
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