Jonas Jonasson, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, 2009.
"Les choses sont ce qu'elles sont et elles seront ce qu'elles seront."
C'est le leitmotiv de ce personnage, Allan, un centenaire qui s'échappe de sa maison de retraite le jour même où toute l'institution a décidé de lui fêter son anniversaire. Il part au hasard, prend un bus, et se retrouve on ne sait trop comment en possession d'une valise remplie de billets de banque. En cavale, donc, et poursuivi par une bande de dangereux criminels qui veulent récupérer leur pognon, il rencontre des personnages tous plus tordus les uns que les autres. Une fois le road movie lancé, l'auteur ouvre un deuxième cycle dans l'histoire, dont le récit débute à la naissance d'Allan. La cavale du centenaire s'intercale alors avec sa biographie qui n'est pas moins incroyable, totalement insérée dans la grande Histoire. A chaque moment clé des évènements mondiaux, le protagoniste joue en effet un rôle qui n'a rien d'anodin. Evidemment, ce Forest Gump suédois, un peu simplet, ne peut pas avoir eu le pouvoir d'agir sur les décisions des grands dirigeants comme Churchill ou Mao, il n'est pas crédible. Par ailleurs, je ne suis pas allée vérifier si tous les éléments historiques mentionnés au fil des chapitres étaient exacts, romancés ou purement inventés. Pour autant, on n'a pas envie de vérifier, et on est tout à fait disposés à croire Allan responsable de la bombe atomique et autres explosions pendant la Guerre d'Espagne ou celle de Corée. On adhère, le pacte fonctionne, parce que c'est tellement gros qu'on se dit qu'il fallait tout de même oser écrire des choses pareilles. Les deux road movie, l'un à travers la Suède, l'autre à travers le monde et le passé, suivent donc leur parcours en parallèle sans qu'on s'en lasse jamais. L'auteur a un don pour faire d'immenses digressions, pour trouver des recours à son récit toujours plus loufoques et insensés, tout en nous tenant en haleine, en nous menant par le bout du nez. L'ironie avec laquelle il écrit et le soin qu'il porte à faire du cynisme sur ses personnages, à raconter leur périple avec une dose non homéopathique d'humour noir, y sont sûrement pour beaucoup dans le fait que, si on le pouvait, on lirait ce roman d'un trait. Ce centenaire là, allergique à la politique et à la religion, philosophe et adepte de la pensée positive, qui se fait la malle de sa maison de retraite le jour où tout le monde l'attend, est drôlement attachant.
Bon, le fait que j'adore les road movie, que je ne peux pas m'empêcher d'en créer dès que j'écris et que j'en suis moi-même un en chair et en os ont certainement influencé positivement mon opinion sur ce livre...
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